Ecrit par un nigérien sous forme de tribune sur méhari-consulting.com
« Depuis quelques jours notre pays est en proie à d’incessantes attaques djihadistes qui ne cessent d’éplorer les populations et la nation dans son ensemble » .
Après l’attaque sanglante de Boni à laquelle viennent s’ajouter d’autres atrocités commises par les forces du mal (assassinat de 20 civils dans la région de Tillabery, braquage d’un convoi d’une ONG sur l’axe Tize-Banibangou, exposition de deux EEI enfouis par l’ISWAP à Diffa, vol d’une ambulance dans la commune de Diffa, attaque d’un véhicule sur l’axe Kaou-Tahoua etc.), nous nous devons d’interroger la pertinence des choix stratégiques opérés par les nouvelles autorités nigériennes.
En effet, 10 mois après leur irruption sur la scène politique, loin de toute polémique politicienne, il est évident que la situation sécuritaire se détériore à grande vitesse.
Comment justifier cette descente aux enfers alors que ce sont les militaires qui exercent la gouvernance politique et sécuritaire du Niger ?
Qu’est-ce- qui justifie que ces spécialistes, qui ont d’ailleurs justifié leur coup d’Etat par des motifs sécuritaires, fassent moins bien que les civils ?
La réponse se trouve dans les choix qu’ils ont effectués dans la gestion des renseignements et surtout des alliances stratégiques.
En effet, le CNSP, dans la précipitation, a préféré déléguer une partie de la gestion de la sécurité et particulièrement des renseignements aux russes, désarmant du coup nos experts et disqualifiant ainsi les capacités nationales à même de faire face à l’ennemi.
Faut-il rappeler que les services de renseignement nigériens ont toujours collaboré avec divers partenaires et gardaient leur pleine capacité à gérer les renseignements qu’ils collectent avec une certaine efficacité. En dehors des sources propres, nos services entretenaient des canaux de collaboration avec les américains, les Turcs, les Français, les Chinois, les Algériens et même les russes.
Nos services coupaient et recoupaient les informations pour les lire à l’aune du seul l’intérêt national.
Le CNSP, en livrant la DGDSE aux Russes (qui n’ont pas encore faire preuve de la moindre performance ou utilité) et en sous-traitant un pan important de la sécurité nationale à ces derniers et à leur organisation de mercenaires, non seulement trahit cette tradition, mais expose aussi le Niger aux manipulations et autres chantages.
Les Russes, ne l’oublions pas, sont au Niger pour faire des affaires. Pour y arriver, ils entretiennent le CNSP dans une constante paranoïa en lui faisant lire les évènements sous un angle qui le garde dépendant de leurs services.
En livrant la DGDSE aux Russes et en cessant les collaborations antérieures, le CNSP livre le Niger à un partenaire incertain et qui considère le Niger comme un terreau d’affaires. Certains membres du CNSP ne voient cette nouvelle alliance qu’en aubaine pour donner des marchés publics et rafler en retour des commissions et des rétrocommissions.
C’est par exemple le cas de ces missiles sol-air que la Russie a fourgués au Niger, alors que les menaces auxquelles le Niger est exposé proviennent des terroristes en mouvement sur des motos.
Pendant ce temps, les populations sont massacrées et quand elles osent manifester leur ras-le-bol, elles sont violemment réprimées. Ces populations, particulièrement de Tillaberi, ne demandent qu’aux militaires de remplir leur rôle, le seul qu’on leur reconnaisse ; défendre le Niger, les Nigériens et leurs biens.
L’hécatombe que subissent nos FDS déployées sur le terrain et les tueries dont sont victimes les populations, finalement abandonnées à leur sort, montrent à suffisance que la place des hauts cadres de l’armée n’est pas dans les salons cossus et climatisés, mais sur le terrain aux côtés des populations.
La souveraineté, quant à elle, commande, prioritairement, la mobilisation des ressources humaines et matérielles nationales. L’abandon de la question sécuritaire aux Russes est une hérésie et une pure trahison du souverainisme hypocritement servi à l’opinion nationale et internationale.