Hamada Ag Ahmed
Fut un temps, chez les Kel Tamacheq, le signe extérieur de richesse de l’homme qui s’occupe bien de sa famille, en la mettant hors du besoin, était non pas les parures mais la bien portance physique. Ainsi le code d’honneur voudrait que le femme, objet de toutes les attentions, qui symbolise une certaine fierté chez les nomades fut la personne qui porte sur elle tout l’effort et les signaux de résistance au climat et aux famines liées aux sécheresses. Ainsi jusqu’à nos grands mères le gavage a été adopté pendant des siècles. La femme doit manger des quantités astronomiques pour prouver aux campements voisins le mérite du rang et aussi pour signifier à tout homme qui voudrait la marier son devoir de l’entretenir, la sublimer sans jamais lui faire vivre les affres du besoin et de la faim.
De cette logique se sont développés des excès allant jusqu’à l’embonpoint forcé des petites filles. Adjamor qui signifiait élever/faire grandir s’est petit à petit transformé en simple « gavage ».
Une blague graveleuse raconte qu’en milieu maure par exemple quand un homme choisi sa femme, il va sous la tente, lui tape sur la fesse, va fumer sa pipe dehors et s’ il revient que ça tremble encore, c’est qu’elle est bonne à marier.
Une version dirait que du temps colonial, le gavage des jeunes filles pour qu’elles soient rondes aurait pour but au début de dissuader les français de les marier de force. En fait, les Kel Tamacheq auraient remarqué que les colons n’avaient pas de goût aux filles obèses et avaient une préférence aux minces.
Stratégie de préservation ou mode de vie ancré ? et si on retenait uniquement le sens symbolique en mettant simplement du mieux possible les femmes à l’abri du mal et on applique adjamor pour le troupeau ? Intéressante perspective… adjamor n’ eharé ou adjamor n’ arizedj deux expressions dérivées encore utilisées chez les nomades pour la richesse et la taille du troupeau !