Efad AMAWAL, Journaliste Indépendant
« La responsabilité des intellectuels est de dire la vérité et de dénoncer les mensonges. »
Noam Chomsky
En 2020, un mouvement politique et social de grande ampleur (M5 RFP) s’était farouchement opposé au président Ibrahim Boubacar Keita et en quelques mois le régime en place a cédé. Mais à quel prix et pour quel résultat ? Cinq colonels, pour la plus part, inconnus du grand public, ont avec une efficacité redoutable récupéré la lutte politique et sociale en obligeant le président de démissionner, le soir même, dans son dernier discours, IBK prononçait ces mots “ai-je réellement le choix ?” La réponse à sa question vous la connaissez, c’est une évidence.
Dans les premières prises de parole de la nouvelle élite, déjà on trouvait des gages, des promesses de retour à l’ordre constitutionnel etc… mais c’était un discours, des mots creux et rien de plus. Avec l’aide (d’une partie) de la société civile et quelques micros partis politiques (non professionnels), une charte a été signée et la fin de la transition y était fixée. Et depuis vous connaissez la suite. Les médias ont vu leur liberté réduite voire détruite; les hommes politiques ont eu trois choix : se taire, s’exiler, ou habiter la maison centrale d’arrêt de Bamako.
Le débat public s’est déplacé, quittant les médias traditionnels pour les réseaux sociaux. La communication politique, pour ne pas dire, la propagande la plus crasse devenue le seul moyen d’expression utilisé par les autorités transitoires. S’il faut reconnaître une qualité aux autorités de la transition, ce serait sans doute leur capacité à détourner l’attention des foules des enjeux économiques et sociétaux vers un discours belliqueux, souverainiste (sans en avoir les moyens), nationaliste, et par-delà tout, sans contenu réel.
Le profil de la nouvelle Elite :
La nouvelle élite se caractérise par son goût pour la médiocrité. Preuve, de cinq colonels, la présidence de la république a été laissée au moins instruit, et vraisemblablement le moins futé. Il s’adresse rarement à la Nation et heureusement car après tout, dans ce discours se trouve des paroles qu’il ne pense pas et il fait l’inverse de ce qu’il dit. Et lorsqu’il dit, parlant du régime précèdent que « ce fut une gestion dont l’une des conséquences majeures fut la déliquescence de la gouvernance… » Nous ne pouvons nous empêcher de penser à quel point ces mots s’appliquent tout autant à son gouvernement.
Outre ce discours, devient ensuite une vieille et classique stratégie : celle de “ ceux qui ne nous soutiennent pas, sont contre nous” d’où le débat “intellectuel” transformer en freestyles de griots. Les opportunistes (et Dieu sait que le pays n’en manque pas) competissent dans les éloges pour essayer de gratter quelque chose pour leurs minables personnes. Et depuis, nous voilà dans un pays en total déclin…
La réalité que cache cette propagande :
La réalité est loin, mais vraiment loin de ce que la propagande fait croire. Et cela, s’observe tant sur la sphère économique que politique. Les petites gens souffrent d’une augmentation des prix et une diminution drastique de leur pouvoir d’achat. Les prix de denrées de première nécessité n’ont cessé d’augmenter (pas la peine non plus de citer ce que tout le monde sait) tandis qu’au même moment les salaires restent immobiles et le chômage monte en flèche.
La sphère politique est également écrabouillée. Les partis politiques tantôt interdits, tantôt regagnant un semblant de liberté. Les hommes politiques craignent pour leur vie. Le journalisme politique devenu inexistant. Le parlement, un moyen pour entretenir les personnes qui y sont nommées. Non seulement, il n’a aucun pouvoir mais il ne travaille même pas. Les séances parlementaires en quatre ans se comptent encore sur les doigts.
Et quand à la sécurité, les populations qui vivent dans les zones rurales ont tout autant peur des terroristes (JNIM, Daesh) que de l’armée elle-même et Wagner. Et à juste titre. Il ne passe pas un jour, sans que les FAMA et Wagner ne fassent une bavure en tuant des hommes et des femmes totalement innocents. Ie pire, comme si l’horreur de commettre ces actes ne suffit point, ils se filment en action. Ainsi, pour la première fois, nous avons vu du cannibalisme être fièrement revendiqué par des hommes en tenue. Quelle honte ! Quelle horreur ! Infâme qu’est tout cela !
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