Problématique autour de l’article 39 : À qui profite cette crise scolaire ?

Par Mohamed ag Ahmedou

Le Mali traverse une crise multidimensionnelle depuis dix ans presque. En plus de cela s’ajoute celle de l’école malienne.

En effet la situation de l’école malienne demeure de plus en plus préoccupante au regard de la situation que traverse le pays.

L’avenir des enfants boycotté, la mauvaise qualité de l’enseignement, la mauvaise formation des enseignants, l’incapacité du gouvernement à régler les problèmes de l’école, les parents d’élèves qui démissionnent…à ses problèmes vient s’ajouter celui du fameux article 39 du statut particulier du corps d’enseignant au Mali.


En faisant un regard rétrospectif, le Mali était une référence dans la sous-région sur le plan éducatif. Rappelons qu’à cette époque, il y avait un enseignement de qualité. Tous les autres pays venaient s’inspirer du système malien. Cependant, depuis plus de deux décennies, l’éducation se dégrade de jour en jour et l’école malienne traverse une grave et profonde crise. Il s’agit de l’application de l’article 39 du statut du corps d’enseignant particulier.

Que voulaient les enseignants ?

Au début les enseignants avaient demandé à l’État d’harmoniser les grilles salariales conformément à leurs collègues de la sous-région. Pour parvenir à cette harmonisation de salaire, ils ont dû quitter du statut général des fonctionnaire pour opter à celui du statut particulier dont l’une des dispositions porte sur l’article 39. De revendications en revendications, ce projet a été adopté à l’Assemblée nationale en 2016 permettant l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants au Mali.

Que prévoit l’article 39 ?

Selon la synergie syndicale, l’article 39 stipule que : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale ». Cette loi accorde aux enseignants plusieurs avantages. Il faut souligner que cette loi qui a été votée sous IBK n’a pu être appliquée durant le reste régime déchu.

Après IBK, la crise demeure ?

après l’arrivée des militaires au pouvoir , ils ont commencé l’application de l’article 39 jusqu’à l’adoption d’un projet de loi en Conseil des ministres pour l’unification des grilles indiciaires des fonctionnaires du Mali qui crée la panique chez les enseignants. C’est dans cette optique que la fin l’année scolaire a connu des perturbations à cause des grèves. Depuis cette annonce, les relations entre la synergie syndicale de l’éducation et le gouvernement de transition conduit par le Dr Choguel K MAIGA connait des perturbations.

Ainsi la synergie se dit prête à se constituer en ceinture de protection autour de son acquis syndical qui a d’ailleurs a coûté la vie à plusieurs militants sous le gouvernement Boubou CISSE. Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 rejettent donc cette loi et menacent de se mobilisent pour la combattre. Chose qui a déjà commencé en invitant ses militants à « retenir toutes les notes » à partir du 1er juillet 2021 et à boycotter les examens notamment ceux du CAP et du BT qui se sont déroulés récemment et les prochains examens à venir.

La synergie syndicale a rappelé, dans un communiqué, publié le 1er juillet, le « caractère sacré » de sa loi. Elle se dit attachée à « l’application stricte » de l’ensemble de ses dispositions, y compris l’article 39.

L’UNTM rentre dans la danse !

Dans le communiqué final du Conseil des ministres du 30 juin, le gouvernement précise que « ce projet de loi s’inscrit dans le cadre du respect des engagements pris par le Gouvernement, participe à l’apaisement du climat social et de la volonté de rétablir l’équité entre les agents de l’État. » Seulement, selon les syndicats de l’éducation, ce projet de loi vise plutôt à donner satisfaction à la plus grande centrale syndicale du pays qui exigeait ce traitement équitable de tous les travailleurs du Mali dans la « violation » de leur loi. Dans une lettre circulaire de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), qui date du 1er juillet 2021, il est indiqué qu’entre le 9 juin et le 23 juillet 2021, plusieurs rencontres ont réuni cette centrale et de hautes autorités maliennes. « Des mesures fortes en vue de l’apaisement du climat social, de la consolidation de la justice sociale, de l’égalité de chances et de la rectification de la transition ont été convenues », lit-on dans la lettre circulaire de l’UNTM.

Aujourd’hui la crise scolaire perdure et le gouvernement Choguel ne sait plus sur quel pied tenir. L’unification des grilles salariales proposée par l’UNTM pose un sérieux problème vis-à-vis des enseignants et qui paralysent l’école malienne. L’article 39 peine à s’appliquer et le bras de fer entre enseignants et gouvernement continue. À ce rythme, la question est de savoir à qui profite la situation ?

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