Politique:Péril de la démocratie au Mali et au Sahel:

Les autorités  ont-elles lamentablement échouées ?

Par Mohamed Ag Ahmedou.

Depuis la chute de l’ancien président feu Ibrahim Boubacar Keïta à la tête de l’Etat le 18 août 2020, le Mali est entré dans une phase de transition militaire qui ne dit pas son nom. Durant plus de trois ans, et malgré quelques avancées menées dans la lutte contre le terrorisme sans pourtantréussir à capturer ni à neutraliser des grandes têtes jihadistes, les autorités de la transition ont, compte tenu du contexte actuel, montré beaucoup de failles dans la gestion de l’Etat tant sur le plan sécuritaire et qu’économique. 

 Le pays continue de traverser une profonde crise multiformes qui ne laisse pas  les maliens indifférents. Du combat de la souveraineté en passant par  la lutte contre le terrorisme. À cela s’ajoutent la crise énergétique chronique et  leur incapacité  à organiser les élections  pour combler le vide constitutionnel  amènent aujourd’hui l’écrasante majorité des maliens à être plus perplexes face à la situation du pays.

 La seule question que l’on se pose est de savoir si va-t-on vers une nouvelle dictature militaire ?

Pourtant, le doute, l’incertitude  et le désespoir planent dans l’esprit  des maliens. Car le pays continue de traverser la plus profonde crise de son histoire malgré les espoirs des promesses des militaires au pouvoir qui ont vendu des illusions au peuple en brandissant un nationalisme sans aucun projet politique de société pour une amélioration des conditions de vies sécuritaires et économiques pour le Mali.

D’une part, la lutte contre le terrorisme a été un véritable cauchemar  pour les populations  du nord et celles du centre, car ayant subies des exactions de la part des mercenaires russes Wagner nouvellement appelé Africa Corps et de certaines unités des forces de défense et de sécurité maliennes. Des villes, villages et hameaux ont été bombardées, et des populations civiles ont battu le record des 30 dernières années sur les chemins de l’exil en Mauritanie et en Algérie et des déplacés internes vers les centres urbains, voire d’autres tuées confondues simplement aux terroristes par l’armée malienne et ses supplétifs russes. Force est de reconnaître que  la reconquête du Kidal a  semé de psychose et de panique au sein des différentes communautés.

Sur le combat de la souveraineté nationale, les autorités de la transition se sont inscrites dans une dynamique de coopération avec la communauté internationale.  L’action publique est guidée par : Le respect de la souveraineté du Mali ; le respect du choix stratégique  et des partenaires opérés par le Mali ; la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises. Ces mots qui constituent le seul changement martelé par le chef de la junte et son premier ministre enclenché par les autorités a conduit aux fins des missions des casques bleus des nations unies, des forces barkhanes, de Takuba, de L’EUTM,  du retrait du Mali du G5 SAHEL, de la CEDEAO,  et de la création de l’Alliance des États du Sahel. Cela a  été un déclic avec les autres pays dans le domaine de la coopération et entraînant également certaines  difficultés chez  les citoyens lambdas. 

À cela s’ajoutent aux multiples délestages électriques sauvages auxquels les maliens sont confrontés. Les autorités ont été également  incapables d’organiser les élections présidentielles après avoir tenu le referendum sur l’ensemble du territoire national et nonobstant les vaines déclarations des partis et regroupements politiques du pays. La situation demeure toujours le statut quo et la transition  n’a toujours pas été  aux attentes légitimes des maliens, notamment  au changement radical de la gestion du pays.

Rappelons que le Mali qui a toujours été un pays de paix et de stabilité, de la cohésion nationale  et du vivre-ensemble traverse depuis plusieurs d’une décennie  une crise multiforme et multidimensionnelle qui demeure sans solutions.

La refondation tant souhaitée par les maliens est devenue  vain mot et le changement reste encore plus loin.

Au regard de tout ceci, pouvons-nous estimer que les attentes des maliens qui ont poussé les cin colonel à renversé le régime démocratique du Président Ibrahim Boubacar Keïta ne sont pas comblées, voire satisfaites. La mission qui vaille désormais est de bien conduire les destinées du peuple malien vers la paix, de la réconciliation et de l’unité nationale. Les autorités de cette période d’exception ne sauront réussir leurs missions  sans qu’elles ne prendraient pas  compte des aspirations légitimes du peuple malien qu’ils eux-mêmes pour lui soutirer le pouvoir d’une manière subtile extraordinaire. 

La junte militaire du Mali et le pouvoir face au peuple :

 Au Mali, une forte mobilisation en 2020 des plateformes politiques comme Ante A Bana  » touches-pas à ma constitution  » et le M5-RFP plus un imam et un guide religieux ont précipité l’ancien président feu Ibrahim Boubacar Keita déjà fini par sa maladie à mettre un petit groupe de jeunes officiers supérieurs au devant de la scène de la sphère du pouvoir.  Des militaires qui ont su utiliser la phrase performante pour calmer l’euphorie du peuple déjà en grogne afin d’en finir avec le régime d’ibrahim Boubacar Keïta en prononçant la phrase  » Nous sommes venus parachever la lutte du peuple « , ce qui est pour certains comme l’ancien ministre de la justice Maître Mohamed Aly Bathily qui sous-entend que ce n’était pas un coup d’état des cinq colonels mais plutôt « un coup d’état téléphoné de feu Ibrahim Boubacar Keita  » qui a hissé facilement les 5 colonels au pouvoir afin de barrer la route à la mobilisation des plateformes dirigés pour les plupart par ses anciens ministres qui se sont dressé contre lui dont Choguel Kokalla Maïga en tête. 

En Avril 2021, la junte militaire a choisi de se radicaliser et prendre un premier ministre qui a utilisé une politique de nationalisme qui n’a pas tardé à plonger le Mali dans un conflit diplomatique sans fin à travers des discours kilométriques,  conspirationnistes à caractère géopolitique et belliqueux.  Il n’y a plus de liberté d’expression,  la presse muselée,  l’économie effondrée,  problème d’électricité et de l’eau se font sentir de jour en jour de façon de plus en plus critique et la suite c’est l’avènement des mercenaires russes qui massacrent les populations civiles et animaux bref, le chao sans  s’installe.

Le syndrome malien a séduit le Burkina et le Niger :

Le hold-up des officiers Damiba et Traoré au Faso:

Pour le Burkina , deux coups de forces ont été opéré tour à tour par des officiers de l’armée burkinabé dont le premier a déposé un président démocratiquement élu et le second déposé l’arroseur arrosé par le jeune capitaine Traoré qui au début paraît très lucide, résilient et qui promettait aux burkinabés d’en finir avec le terrorisme en trois mois depuis son arrivée en septembre 2022. Des milices locales appelées Volontaires pour la Défense de la Patrie connues sous le nom des VDP sont mobilisés par les deux putschistes burkinabés qui se sont succédés. Des drones TB2 sont achetés avec la Turquie qui captent les putschistes à travers les envoyés spéciaux de ses médias qui servent de passerelles aux relations de commerces des armements entre les autorités Turques et les putschistes du Mali, du Burkina et du Niger.  Ces drones ont tué plus d’innocents dont des enfants et des femmes au Mali et au Burkina Faso que des terroristes car jusqu’ici la seule réussite minime face aux groupes terroristes est faite par des voies terrestres par des mercenaires russes de Wagner au Mali qui eux aussi commettent des crimes de guerre en aspergeant les populations civiles de leurs terres en utilisant une tactique de la terre brûlée dans les régions du centre et du nord. 

Le Niger prend le chao du Mali pour un nationalisme du changement :

Au Niger les discours belliqueux de la junte malienne facilitent l’éviction du président Bazoum par ses détracteurs. Lorsqu’on sait que Bazoum est l’un des rares présidents de l’Afrique de l’Ouest à commenter l’actualité au Sahel sauf que souvent sa franchise n’est pas apprécié par les putschistes du Mali qui lors du passage d’un sulfureux premier ministre à la tribune des nations n’ont pas hésité de le traiter d’un non nigérien qui sous-entend que Bazoum usurpe à la fois la nationalité nigérienne et la fonction du chef d’état du Niger.  Une chose qui a été très mal apprécié par le ministre des affaires étrangères Kala Mountari du Niger qui avait pris la défense de son Président en dénonçant que les propos du premier ministre par intérim du Mali à l’endroit de Bazoum était inacceptable car Bazoum bien avant lors de la crise de 2012 a défendu bec et ongles l’intégrité physique du territoire du Mali contre les indépendantistes du MNLA et il a refusé d’observer un régime de sanctions contre le Mali lors du coup d’état contre IBK et du coup de force cont Ba N’DAO. 

Le 26 juillet 2023, Bazoum est renversé par son chef de sa sécurité qui occupait ce poste depuis le régime de son prédécesseur Mahamadou Issoufou en occurrence,  le général Abderahmane Tiani qui s’appuie sur le général dea corps d’armées Salifou Mody précédemment débarqué par Bazoum du poste de chef d’état major général afin de s’entendre avec le général de Brigade Mohamed Toumba et le colonel Ibro qui ont été acclamé par la rue de Niamey majoritairement dominée par les partisans du parti Loumana de l’ancien opposant d’Issoufou et Bazoum.  Les junte du Mali et du Burkina saluent le coup de force contre Bazoum et brandissent la menace contre une éventuelle intervention de la force d’attente de la CEDEAO pour mener un contre coup d’état afin de réinstaller Bazoum dans ses fonctions du président. Bazoum étant à maintes reprises ministre et premier ministre depuis les régimes de Mahamane Ousmane en 1995, du président Ibrahim Baré à Issoufou était nigérien pendant ce temps là.  Selon des sources concordantes une main de Dieu de Mahamadou Issoufou est à l’origine du coup d’état contre Bazoum car pour beaucoup de personnes proches du dossier du Niger,  le général Abderahmane Tiani et tous collaborateurs militaires auteurs du putschistes ont été hissé au bons postes à la tête des armées du Niger par Issoufou bien avant de quitter ses fonctions du président en février 2021. Bazoum n’a pas touché au dispositif de la présidence,  lui qui faisait confiance au général Tiani.  Alors que Bazoum était sur le chemin de mener de grandes réformes pour réussir plusieurs défis au Niger dont celui du terrorisme qui s’attaquait au Niger depuis l’époque d’Issoufou à celle de Tiani,  pour certains nigériens le président Bazoum allait réussir à pacifier le pays contre le Niger si seulement,  il aurait plus de temps à la tête du Niger. 

Le Niger était perçu pour un modèle de stabilité économique et politique durant les 12 dernières années par rapport à ses voisins du Mali et du Burkina.  Avec une forme de cohésion sociale exemplaire par rapport à son voisin du Mali. 

Il reste à observer sur quoi se projeteront les putschistes du Niger ? Suivront-ils le canevas des putschistes du Mali,  qui ont d’abord observé un temps de profils bas avec des promesses non tenues afin de se procurer des armements et des avions et le soutient russe pour semer le chao au Mali ?

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