Mesdames et Messieurs,
En ma qualité de ministre des affaires étrangères de la Transition Civile en Exil du Mali, je dénonce formellement les sorties belliqueuses des ministres des affaires étrangères des juntes du Mali, du Burkina Faso et de l’ambassadeur du Niger en Belgique à l’occasion de l’événement organisé par les Crans Montana, tenu du 27 au 29 juin dernier à Bruxelles.
C’est avec une grande surprise que nous, Transition Civile en Exil du Mali, avons constaté que vos organisations respectives avaient reçu les ministres et ambassadeurs des pouvoirs illégitimes du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Ces pays dits de l’Alliance des États du Sahel n’ont aucun acte fondamental, car la charte du Liptako-Gourma date de 1970, aux époques des deuxièmes Républiques pour le Mali et le Niger et de la première République pour le Burkina Faso.
Cette charte des États de la région du Liptako-Gourma existe depuis cinq décennies et n’a rien à voir avec des États de fait issus de coups de force anticonstitutionnels, qui sont des crimes imprescriptibles contre les peuples souverains.
Les ministres illégitimes Diop et Traoré ainsi que le diplomate nigérien connaissent bien les délimitations géographiques du Sahel, mais à les entendre, ils n’ont aucune connaissance des communautés sociales, anthropologiques, identitaires de l’ensemble des pays du Sahel.
Nous, gouvernement malien en exil, demandons aux États de l’Union européenne, aux Nations unies, ainsi qu’à leurs organisations, de ne pas accorder d’importance aux propos des ministres des affaires étrangères qui représentent des États détenus en otage par des petits groupes de militaires érigés en juntes militaires. Ces derniers ont choisi de plonger leurs pays dans des chaos profonds en confisquant le pouvoir aux peuples ainsi qu’en les privant de libertés d’expression fondamentales et collectives.
Le Burkina Faso a choisi de mettre fin à la démocratie en 2022 à travers un premier putsch contre la démocratie et un second contre la dictature, porté par un capitaine du nom d’Ibrahim Traoré, qui imite dès sa première apparition la façon dont le putschiste Assimi Goita du Mali se masque le visage. Il utilise les mêmes expressions que feu capitaine Thomas Sankara, avec presque les mêmes citations. Tandis que le capitaine Sankara, en son temps, a été ministre, puis premier ministre et président du Burkina Faso, où il a réalisé beaucoup de réformes en faisant du Burkina Faso le pays des hommes intègres, qui ont donné au Burkina Faso l’autosuffisance alimentaire.
Alors que le capitaine Traoré vient au pouvoir, il promet au peuple du Burkina Faso qu’il en finira avec le terrorisme en six mois. Ce qui a été un échec total, car les opérations militaires au Burkina Faso depuis l’arrivée du capitaine Traoré ont fait beaucoup de victimes parmi les populations civiles, dont des images macabres de femmes et d’enfants tués par des tirs de drones ont été aperçues à maintes reprises en 2023 sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’abus des droits de l’homme, dont arrestations et enrôlement de force des personnes âgées dans l’armée burkinabé, ce qui est contraire aux coutumes et mœurs africaines. Les conséquences de ces actes ne tarderont pas à se faire sentir et c’est le Burkina Faso qui va longtemps souffrir. Cela n’est ni la faute de la CEDEAO, ni de l’Union Africaine, ni des États membres de l’Union européenne, encore moins des Nations unies, car toutes les organisations des États du monde se sont déployées pour aider le Mali, le Niger ainsi que le Burkina Faso à ne pas sombrer sous des régimes illégitimes qui ne représentent pas ces trois pays.
Pour le cas du Niger, la CEDEAO et l’Union Africaine n’auraient pas abandonné l’intervention militaire par la force d’attente de la CEDEAO anti-putsch afin de faire libérer le président Bazoum Mohamed, qui avait été injustement renversé par le chef de sa garde présidentielle.
Le président Mohamed Bazoum a toujours été un homme d’État du Niger, ayant été ministre de l’intérieur du Niger sous plusieurs régimes de son pays, et il a toujours combattu les mouvements armés de rébellion au Niger et au Mali. L’un de ses torts est qu’il appartient à une communauté arabe dite Awlad Silimane de Libye, oubliant que les parents de Bazoum sont nés au Niger, et lui-même y est né. La communauté Awlad Silimane, contrairement à ce que beaucoup chantent sur le président Bazoum, est une grande communauté présente en Mauritanie, au Mali, en Algérie, au Niger, au Tchad, au Soudan, en Égypte, en Libye et en Tunisie.
Le président Bazoum, selon mes informations, a mené l’une des plus grandes réformes importantes en faveur du peuple nigérien qu’aucun président du Niger n’a mené avant lui, consistant à rattacher directement les recettes du pétrole au trésor public du Niger afin qu’il soit beaucoup plus profitable au peuple nigérien. Ce que beaucoup ne disent pas.
Le président Bazoum n’a pas fait de polémique lorsqu’il a été à plusieurs reprises un homme d’État du Niger où il est né. Bazoum a travaillé en tant que fonctionnaire de l’État nigérien, puis ministre à plusieurs reprises dans plusieurs régimes du Niger et membre d’un parti politique qui a élu son prédécesseur et l’a élu à son tour.
Il faut que cette haine s’arrête et que certains reviennent sur terre et jouent balle à terre.
Bazoum aurait dû ne pas être interrompu dans l’exercice du mandat présidentiel que le peuple nigérien lui a donné jusqu’à la fin.
Une fois que son mandat arrivera à son terme, le peuple pourra élire le président de son choix par la voie démocratique, celle des urnes, qui est la voie légale. Mais oser le traiter de Libyen relève d’un manège stratégique bien connu, celui du racisme tout simplement. C’est le Niger qui perd, car cela va certainement plonger le pays dans une crise profonde d’ordres sécuritaires, politiques, économiques et d’abus des droits de l’homme, qui vont être insupportables pour les populations civiles du Niger qui ne méritent pas ça. C’est vraiment grave que les Africains soient beaucoup dans la passion que dans la dynamique d’un idéal partagé par tous.
Pour ce qui est du Mali, nous disons ceci :
C’est là où toute la propagande a commencé. Cela fait bientôt 4 ans que le Mali vit sous une transition militaire qui dure et qui est devenue insupportable aux yeux de la population malienne dans son ensemble.
Le Mali vit dans une impasse la plus sombre qu’il n’a jamais connue, où les populations civiles sont traquées et tuées au quotidien par les mercenaires russes accompagnés par l’armée malienne.
Le Mali est un pays qui a connu depuis août 2020 et avril 2021 deux coups d’état militaires qui ont interrompu la démocratie et beaucoup de processus en faveur de la paix, de la sécurité, de la gouvernance et du développement du pays.
Depuis ces événements, de nombreux efforts ont été déployés par les acteurs nationaux et internationaux, notamment la CEDEAO et l’Union africaine, afin de ramener le Mali à la normalité et de rétablir l’ordre constitutionnel, conformément à leurs doctrines qui condamnent les changements anticonstitutionnels des gouvernements. Malheureusement, malgré les promesses initiales de la junte militaire et l’accompagnement de la communauté internationale, les engagements n’ont pas été respectés.
Nous sommes maintenant confrontés à un vide institutionnel, une cohésion sociale brisée et un dialogue inter-malien qui ressemble plus à un monologue. Les dirigeants actuels semblent préoccupés par leur propre pouvoir et indifférents à la pléthore de problèmes que le pays doit affronter, notamment l’insécurité, les crises économiques, les coupures d’électricité et la pauvreté endémique. Le Mali, déjà déclaré État défaillant en 2008, continue de s’enfoncer dans la crise sous la pression des dirigeants militaires.
Face à cette situation difficile, nous, en tant que démocrates maliens, avons décidé de prendre une initiative audacieuse : la mise en place d’autorités parallèles, d’un gouvernement et d’un parlement parallèles, pour faire face aux défis du pays. Cette initiative est soutenue par une grande partie de l’opinion publique malienne et elle est conforme aux souhaits de la communauté internationale.
Nous croyons que c’est par cette initiative que le Mali retrouvera la paix si désirée par ses populations. Sans cela, la situation ne fera que se détériorer et les problèmes auxquels le pays fait face, tels que l’insécurité, les problèmes politiques, climatiques, les violations des droits de l’homme et les difficultés économiques, ne feront qu’empirer.
Nous pensons également que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne seront souverains que lorsqu’ils seront dirigés par des régimes élus par leurs peuples respectifs. De ce fait, nous demandons pardon à tous les pays frères et amis du Mali qui ont été agressés par des propos belliqueux de ceux qui répondent aux noms des militaires au pouvoir, qui prennent nos pays en otage et utilisent des mercenaires russes ainsi que des drones qu’ils ne savent pas manipuler et commettent des atrocités contre les populations civiles de leurs pays.
Nous appelons donc tous les partenaires de la communauté internationale et tous les amis du Mali à nous soutenir dans cette entreprise. Notre seule intention est de favoriser une dynamique de retour à l’ordre constitutionnel et aux valeurs démocratiques, et de veiller à ce que les militaires se concentrent sur leurs fonctions traditionnelles de protection du territoire et des populations.
Je souhaiterais profiter de cette occasion pour exprimer ma gratitude envers vos organisations respectives pour tous les services rendus en faveur du peuple malien pour sa stabilité.
Cordialement,
Mohamed AG Ahmedou, Ministre des affaires étrangères de la transition civile du Mali en Exil.
Premier Vice-président du Panel des Démocrates Maliens.
Coordinateur des organisations de sociétés civiles du développement local dans les régions de Tombouctou et Taoudeni au Mali.
Coordonnées :
+33 758 44 82 07
mohamedagahmedoumaemali@gmail.com
Ministre des Affaires Étrangères de la Transition Civile en Exil du Mali