Écrit par Alassane Cissé.
Dans une interview qu’il a bien voulu accorder à la presse malienne, le chef général de la tribu kel Ansar, non moins membre du Conseil National de Transition, l’honorable Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser est revenu sur les objectifs et les missions de la tribu kel Ansar, sa lecture sur la transition, en passant par son engagement dans le processus de paix et de réconciliation au Mali. Véritable artisan de la paix et de la réconciliation et très engagé pour le développement du Mali, le chef général de la tribu kel Ansar est reconnu par les plus hautes autorités du pays comme un acteur clé et crédible pour la paix, la cohésion sociale et du vivre-ensemble. Aujourd’hui il continue et demeure toujours actif dans la recherche des solutions idoines pour réconcilier les cœurs et les esprits.
Le chef de la tribu kel Ansar a profité de son entretien avec les médias (Missabougou TV, Infos 7/7, Platon dogon 24, Kabala TV) pour appeler tous les maliens à la paix et à la cohésion nationale en cette période de crise que traverse le Mali. C’est dans cette optique que notre groupe de médias Méhari-consulting et Méhari-Post a transcris cette interview permettant aux fidèles lecteurs d’être mieux informés par rapport à l’actualité du pays. Lisez plutôt :
Missabougou TV : Notre pays vit en guerre depuis des années, et l’armée vient de déclencher en ce moment une offensive générale sur la région de Kidal et au-delà. Quels messages avez-vous à lancer à nos compatriotes, notamment ceux du nord et quels sont vos points de vue ?
Nasser : Je suis le chef général de la tribu kel Ansar, membre du Conseil National de Transition. Je lance d’abord un appel à toutes les communautés du nord qu’elles sachent que l’armée malienne est une armée républicaine et qui est là pour tous les maliens. Elle est en mission de sécurisation des communautés et de leurs biens. Les autorités de la transition sont nos autorités et on leur doit soutien et obéissance. Le Président de la Transition, le col Assimi Goïta est notre Président que nous devons lui soutenir et obéir. Donc quand les autorités décident de recouvrir le territoire, tous les maliens doivent les accompagner et les aider par des conseils, par des appels à la paix, ou par des appels de soutien. C’est dans ce rôle aujourd’hui quand tant que chef traditionnel que je dois faire. C’est la mission que la nouvelle constitution nous a confié à son article 185 qui confère à chaque chef traditionnel les missions de réconciliation et de règlements de conflits entre communautés. Donc je me vois dans ce rôle aujourd’hui. C’est pourquoi je lance un appel à tous les maliens épris de paix et de justice d’accompagner les autorités dans leurs missions de sécurisation et de protection des citoyens.
Missabougou TV : Que pensez-vous de l’offensive aujourd’hui de l’armée à Kidal ?
Nasser : Je ne suis pas dans le secret de l’Etat. Je ne sais pas ce qui se passe sur le terrain. Je sais quand même que le pays est en guerre aujourd’hui. Je sais aussi que tous les maliens doivent jouer leur rôle pour que la paix revienne. C’est mon souhait le plus ardent. Je ne suis pas du genre à insulter les gens. Ma position a toujours été claire et précise, car il s’agit de soutenir les autorités de la transition, de soutenir mon pays.
Missabougou TV : Quel est votre rôle pour contribuer à la paix ?
Nasser : Les actes que j’ai posés ne datent pas d’aujourd’hui. D’abord en 2015, lorsque le chef de la tribu kel Ansar, Mohamed El Mehdi Ag Attaher El Ansari est décédé en 2014, j’ai été intronisé et ma première mission était de me rendre au camp de réfugiés de Mauritanie. Le camp Maroua était un camp de réfugiés malien que je me suis rendu pour les sensibiliser afin que cette base du mouvement armé revienne à l’Etat. Aujourd’hui, les gens qui sont dans ce camp se reconnaissent maliens et participent aux élections du pays. Deuxièmement, lorsqu’ il y avait une tension entre les communautés à Goundam, entre les sédentaires et les nomades en 2015, j’ai organisé une caravane pour la paix. J’ai passé une semaine dans toutes les communes de Goundam et l’administration, l’armée et ainsi que les élus peuvent en témoigner. Cet événement s’est passé à la télévision et j’ai pu éviter un conflit inter communautaire. En 2016, j’ai organisé une grande rencontre à Gargando où j’ai hissé le drapeau malien en enlevant le drapeau de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Les témoins sont toujours là et occupent aujourd’hui aux postes de responsabilité du pays. En 2021, j’ai organisé les assises de la tribu kel Ansar à un moment où il y avait des tensions à Tombouctou entre les sédentaires et les nomades. Cette rencontre était sur la paix et du soutien à la transition. En 2022, j’ai organisé un grand forum des chefs traditionnels du Mali et de la sous-région dont le thème portait sur la paix, la sécurité et le développement qui était aussi présidé par le Premier ministre par intérim, col Abdoulaye Maïga. Il faut reconnaître que je continue toujours à véhiculer les messages de paix. Lors que les autorités ont commencé, il y a juste un mois lors de l’occupation de Ber, j’ai essayé de plaider auprès des chefs de tribus qui ont lancé un appel aux communautés de soutenir l’armée et de ne pas écouter des messages de désintoxication véhiculés par les personnes mal intentionnées. Ma mission pour la paix continue tous les jours. C’est la raison pour laquelle j’ai reçu le prix de la paix du Pr Dioncounda Traoré, le prix de la paix des Nations Unies, et j’ai été décoré officier de l’ordre national. J’ai hérité d’un grand homme qui a toujours œuvré pour la paix. Le vieux Mohamed El Mehdi était l’ancien chef de la tribu des kel Ansar qui est décédé à Bamako en 2014 où le chef de l’Etat a fait des éloges sur son parcours et reconnu ses valeurs. Il a été le premier député touareg. C’est lui qui a représenté le Soudan à l’Organisation Communes des Régions Sahariennes (OCRS). Il a été envoyé par le Président Modibo Keïta auprès du Président Félix Houphouët Boigny pour lui convaincre à ce que les Etats ne soient pas séparés. Il a beaucoup contribué à la paix et à l’unité africaine. Sachez que les actes qu’on a posés ne datent pas aujourd’hui. On le fait pour le pays, car le Mali appartient à nous tous. Celui qui ne se reproche rien a sa place au Mali.
Missabougou TV : Nous sommes à un pas de la reconquête du territoire national, quels sont les messages ou conseils avez-vous à donner à nos vaillants soldats ou au peuple malien pour qu’on reste soudé ?
Nasser : J’ai toujours dit de faire l’ouverture de ceux qui veulent la paix même si le pays est en guerre. Il ne faut jamais fermer la porte et qu’il faut toujours tendre la main à ceux qui veulent la paix. Dieu merci les autorités ont fait. Le Président de la Transition, col Assimi Goïta et le Ministre de la réconciliation, col Ismaël Waguë ont toujours tendu la main. Le Président du Conseil National de Transition, le col Malick Diaw nous a toujours dit qu’il faut que les gens soient ensemble. Donc aujourd’hui, nous avons la chance car ce sont les jeunes qui dirigent aujourd’hui le pays et qui veulent la paix et recouvrir l’intégrité territoriale du pays. L’armée est en train de se défendre pour récupérer les bases de la MINUSMA et cela ne vaut pas la peine de déclencher la guerre. Qu’est ce qui empêche aux ennemis de laisser l’armée récupérer des zones qui lui reviennent de droit ? Pour ceux qui disent NON à cela constitue une déclaration de guerre contre l’armée malienne. Je ne suis pas d’accord avec eux. Il faut savoir que le peuple touareg n’est pas représenté par le mouvement armé car chaque communauté est représentée par son chef. Il faut qu’on fasse la part des choses. Le peuple du Mali est représenté par l’Assemblée Nationale et le Président de la Transition. Le peuple touareg a aussi ses représentants qui sont des maliens et qui siègent au Conseil National de Transition. Dans ce cas, comment quelqu’un va oser parler au nom des Touaregs ? Comment quelqu’un va dire que les Touaregs sont des rebelles ? Il faut donc appeler le chat par son nom. On appelle ceux qui ont pris des armes de rebelles et de ceux qui ne les ont pris des citoyens maliens. Je lance un appel aussi aux autorités de la transition et à l’armée de protéger les populations civiles qui n’ont pas pris des armes contre leur pays. Il faut les traiter comme telles et c’est des citoyens maliens qui méritent la protection et l’entraide.
Missabougou TV : Que pensez-vous de la suspension de certains membres du CNT par le Président Malick Diaw et de la démission d’autres ?
Nasser : En réalité, le règlement intérieur du Conseil National de Transition est clair et précis. C’est des sanctions qui sanctionnent aux membres du CNT qui s’absentent lors des plénières sans aucun prétexte ou sans autorisation. Ces personnes sont suspendues et punies. Il ne s’agit pas d’une question raciale car tout le monde peut subir les mêmes peines.
Missabougou TV : Votre dernier mot
Nasser : Je lance un appel à tous les citoyens, à tous les chefs traditionnels, à tous les chefs religieux d’œuvrer pour la paix afin que notre pays retrouve la paix, car la guerre ne réglera absolument rien. Il faut que les gens se ressaisissent et reviennent à la raison pour prôner la paix.
Interview transcrite par le Groupe Méhari-consulting et Méhari-Post