Écrit par Mohamed Ag Ahmedou.
L’artisanat représente une part significative des activités économiques au Mali et constitue un secteur prioritaire pour le gouvernement dans le cadre de la recherche des secteurs pouvant contribuer à la création de richesse et d’emplois productifs en vue de réduire le taux de chômages, voir la pauvreté. Force est de constater qu’après plus d’une dizaine d’années, ce secteur peine à se redresser à cause de la crise multidimensionnelles qu’à connue le pays. Le secteur de l’artisanat aussi bien que celui du tourisme traversent une profonde crise. Pour connaître davantage ce que traverse réellement l’artisanat malien, notre groupe de médias Méhari-consulting et Méhari-Post a rencontré certains acteurs à la maison des artisans de Bamako. Sur place, quelques artisans se sont prononcés par rapport aux problèmes quotidiens dont ils souffrent et interpellent les autorités du pays de s’impliquer pour faire sortir le secteur de la précarité. Lisez plutôt cet encadré des témoignages de quelques artisans Azimuts du Mali.
AG HAMZATTA: « J’ai 38 ans, je suis artisan de père et de mère originaire de kidal. Je suis ici à la maison des artisans de Bamako depuis 1996 et je gère la boutique des associations des artisans de la région de Kidal. En ce qui concerne la situation du pays, il faut reconnaître que la clientèle a beaucoup diminué et ce n’est pas comme avant. Depuis la crise au Mali, les artisans ne s’en sortent pas. Pendant la fête aussi les gens n’achètent pas nos articles. Les produits que je vends sont entre autres : Les statuettes en bois de Ben, les masques qui rappellent les souvenirs de l’antiquité et les decapsuleurs en croix étoilée touarègue, boîtes pour mettre les bijoux, le tableau d’histoire, le travail des femmes, le coffret à bijoux, le symbole de la carte du désert, Allah et Takoba » a-t-il déclaré.
Sékou Coulibaly : « Je travaille à l’artisanat depuis dans les années 1990. Je confectionne tous les objets d’art à la maison des artisans de Bamako. Je continue de travailler dans le magasin de mon père. Nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes. La vie est très dure pour nous en ce moment car nous ne trouvons plus pour ce que nous voulons pas sur le marché. Maintenant les blancs ne viennent plus chez nous pour acheter nos objets. Nous dépensons plus que nous gagnons. J’ai sept (7) employés dans mon magasin et nous dépensons chaque jour 2500 Fcfa pour le déjeuner et les frais de transport aller-retour vont également dans les 7.500Fcfa. Le message que j’ai à lancer est que je demande à la mairie de penser à la réparation du goudron. C’est cette même mairie qui fait asseoir des gens devant la maison des artisans et qui nous empêchent aux clients de venir acheter nos objets d’art. Nos chances sont minimes alors que nous nous acquittons de nos obligations fiscales. Nous interpellons les autorités de s’impliquer afin que nous puissions gagner nos pains quotidiens » a-t-il déclaré.
Kinan Ag Mohamed Assaleh: « Je suis ressortissant de la région de Ménaka. Je suis à la maison des artisans de Bamako depuis très longtemps. Je suis dans les fabriques de pochettes de téléphones, de décorations de tous les modèles. Je fais beaucoup de choses de chez nous. Je confectionne des bouteilles qu’on peut mettre les cacahuètes, les arachides ou même le beurre de karité. Chez moi, c’est la qualité qui fait la différence. Nous traversons une situation difficile. Les gens sont là et il n’y a pas de clientèle. Tout dépend de la volonté de Dieu et de la chance. Il n’y a pas de marché en ce moment. Je lance un appel à la clientèle de venir acheter nos produits. On essaie de s’adapter à la situation et on paie nos impôts » a souligné Kinan.
Alassane Sidi Mahamane Touré : « Je suis artisan touareg et je suis à la maison des artisans de Bamako depuis 2002 pour vendre l’art touareg. J’ai 42 ans, marié et père de 5 enfants. Avant d’arriver à Bamako, j’étais à Gao. Ce qui m’a poussé à venir à la maison des artisans de Bamako est que tous les touristes débarquent à Bamako avant d’aller dans les régions. Leur arrivée et leur départ passent par la capitale qui est le carrefour et c’est la raison pour laquelle nous sommes installé pour vendre nos objets d’art quand ils viennent ou qu’ils partent du Mali. Je lance un appel à tout le monde car on ne peut rien faire sans les clients. Il faut qu’ils passent chez nous pour acheter nos objets d’art et cela nous permettra aussi de vivre et de faire vivre d’autres personnes. En m’adressant aux autorités, je voudrais qu’elles nous aident à redresser notre secteur. L’artisanat est la vitrine du Mali et on ne peut parler du Mali sans l’artisanat. Donc, il faut que les autorités actuelles essaient de nous comprendre. Dans le passé sous les regimes d’Alpha et ATT, on ne payait pas de billets d’avion, on nous réservait des stands en Europe, aux États-Unis d’Amérique en Asie, on faisait le voyage facilement partout dans le monde. On gagnait très bien nos vies. Actuellement ça ne va pas. On ne voyage pas et on ne nous regarde pas. On voit les artisans sénégalais venir prendre nos objets d’art pour aller les exposer aux USA et un peu partout dans le monde. Il y a aussi les tunisiens et les mauritaniens qui viennent prendre nos objets d’art du Mali. On veut qu’on nous trouve des expositions, des foires, qu’on nous aide et qu’on nous trouve des réservations de billets d’avion pour qu’on puisse vraiment travailler. L’artisanat a un problème aujourd’hui. C’est la mairie qui fait asseoir les gens sur le goudron et il n’y a même pas de route. Ils empêchent aux clients de nous voir et venir faire des achats chez nous. Le Ministre de l’artisanat ou de la culture doit se soucié de la situation des artisans. Nous demandons aux autorités communales de chasser les gens qui s’asseyent sur le goudron afin que nous puissions avoir la paix et la tranquillité et que les clients aient un accès à la maison des artisans » a-t-il interpellé.
En définitive, nous pouvons tout de même estimer que les artisans maliens vivent dans la détresse et dans la précarité à cause de la crise multidimensionnelles qui secoue le pays depuis plus d’une décennie. L’insécurité a freiné toutes les activités touristiques et entraîné la perte des clients dans le milieu de l’artisanat, ajoutant également , les priorités politiques du gouvernement font que les acteurs du secteur de l’artisanat sont oubliés par l’état et traversent beaucoup de problèmes. Le cri de cœur de ces artisans doit interpeller les autorités à satisfaire certaines doléances pour le bien-être de l’artisanat malien et pour le bonheur de l’économie malienne.
Interview réalisée par Mohamed Ag Ahmédou.