Mali: Goundam: [ITW. EXCLUSIVE]: Abdoul Aziz Mohamed, Président de L’ASSO « ANMATAF » s’est confié  au Méhari-consulting  

Interview réalisé par Mohamed Ag Ahmedou.

 » L’accord d’Alger est incontournable non seulement pour le développement du nord, mais aussi pour la stabilité du Mali de façon générale « 

Dans le cadre de la recherche de la paix, de la cohésion sociale, du vivre-ensemble et du développement local dans les régions de Tombouctou et de Taoudénit, l’association ANMATAF se bat au quotidien  pour  apporter secours et assistance aux populations vulnérables. C’est dans cette optique que le groupe de médias Méhari-consulting et Méhari-Post a rencontré le Président de l’association, Abdoul Aziz Mohamed, un jeune dynamique et très engagé pour  le  développement de sa région. L’entretien était  porté sur  ses parcours scolaire et professionnel,  l’idée de création de l’association, les actions qu’il mène sur les zones d’intervention de son association, en passant par les difficultés liées aux relations avec les ONG nationales et internationales.

Méhari-consulting : Présentez-vous à nos lecteurs.

Abdoul Aziz Mohamed : Je m’appelle  Abdoul Aziz Mohamed, Président de l’Association  ANMATAF,  qui est une association qui est créée dans la commune rurale D’ESSAKANE en 2016 via un groupe whatsap qui regroupe la crème de la jeunesse consciente de mon cercle de Goundam de toute la région de Tombouctou. Je suis diplômé en gestion des ressources humaines de l’institut universitaire Technolab ISTA du du Mali. 

M-C : Parlez nous un peu de votre carrière professionnelle.

A. A. M. : Tout d’abord, j’ai fais mes études primaires dans la commune rurale de Gossi. En 2006, j’étais à Essakane où j’ai eu mon Certificat d’Etude primaires (C. E.P.). J’ai fais une année à Goundam et deux ans à Léré où j’ai été premier dans le cercle de Goundam entre 2009-2010, qui m’a prévalu d’être député junior au Parlement National des Jeunes du Mali, siégeant ainsi à l’Assemblée Nationale du Mali. J’ai fréquenté le lycée public de Goundam jusqu’en 11ème année juste au moment où la crise de 2012 éclata. Il a fallu que je me retrouve au camp de Fassala en Mauritanie, puis au camp de réfugiés pendant une année de chômage et de déperdition scolaire. 

Parlant d’ANMATAF,   aujourd’hui l’association évolue dans plusieurs domaines à savoir la cohésion sociale, la jeunesse, le vivre-ensemble, la santé, l’éducation, le développement local, surtout l’entreprenariat et la formation. Ce sont des domaines dans lesquels l’association intervient dans la région de Tombouctou.

M-C.  : Pouvez-vous nous donner un peu de récit de votre parcours parlementaire à nos jours ?

A.A.M.  : De 2009 à 2010, j’ai été premier au Diplôme d’Etude Fondamental (DEF) dans le cercle de Goundam  et qui m’a prévalu d’être au Parlement National des Jeunes du Mali ou j’occupais un poste dans le bureau exécutif des Jeunes du Mali à l’Assemblée Nationale. Je me sentais fier d’être un acteur de la société civile et engagé pour le développement local, pour l’éveil de conscience de la jeunesse. Depuis lors,  je suis dans les associations et  devenu membre de plusieurs organisations des jeunes telles que comme l’association des jeunes touaregs et  sympathisants pour la paix et autres. 

M-C. :  Vous êtes un jeune leader très engagé  sur le terrain, surtout en ce qui concerne la région de Tombouctou. Vous avez eu à faire beaucoup de choses, vous continuez à le faire maintenant. Alors ma question est de savoir qu’est ce qui vous a poussé à vous engager  à devenir bénévole toi et ton groupe ?

A.A.M. : Il y a beaucoup  de paramètres et de facteurs qui m’ont poussé à m’engager volontairement et à donner des sacrifices pour vraiment essayer d’atténuer les souffrances des communautés. Je suis issu de ces communautés et je suis au sein de ces communautés. Nous vivons ensemble et nous sommes dans la même difficulté. On sent que quelque part, il y a tellement de problèmes  que seuls ceux qui sont sur le terrain, qui sont concernés et sont touchés par le souci peuvent comprendre et essayer de trouver réellement des solutions, de créer des initiatives qui vont aussi avoir un impact positif  sur ces communautés. C’est vrai qu’il y a des partenaires qui sont sur le terrain et qui sont orientés vers d’autres endroits. Compte tenu de  la situation sécuritaire et la déstabilisation du pays, il y a vraiment beaucoup de besoins à faire presque dans tous les domaines.

M-C. : Vous êtes vraiment très engagé. Je sais qu’après la période de la rupture de 2012-2015, vous faisiez partie des jeunes qui ont créé des associations faîtières dans la région de Tombouctou. 

A.A.M.  :  À Tombouctou en 2016, c’était un temps de retour où tout le monde parlait de cohésion, du vivre-ensemble  au sein des communautés. Il y a l’accord qui commençait à s’appliquer où tout le monde était orienté vers le rapprochement, la citoyenneté. Au sein  de la région de Tombouctou, on a vu  que les jeunes étaient encore méfiants de certaines communautés. C’est ce qui nous a poussé à créer un certain nombre d’associations à savoir l’association des jeunes touaregs sympathisants pour la paix qui a été créée dans le cadre de la paix et de la cohésion sociale au sein de nos communautés. Avec  les autres communautés, les autres organisations des jeunes de Tombouctou  et d’autres associations, on a initié des activités communautaires telles que : le désensablement, l’assainissement des deniers publics, l’hôpital régional de Tombouctou, l’ancien local du 6centre Ahmed Baba qui nous a servi d’une soirée culturelle dans le cadre de la cohésion sociale que l’association des jeunes touaregs pour la paix avait fait pour une première fois. Toutes ces activités ont été le déclenchement des initiatives et de renforcement de la cohésion et de la synergie au sein des communautés de Tombouctou afin de se retrouver et de se parler pour un lendemain meilleur.

M-C. : Parlez nous des réalisations phares que vous avez faites. En tant qu’originaire du cercle de Goundam, un cercle qui s’ouvre à la Mauritanie et à l’Algérie. En termes de cohésion sociale, de stabilité, il y a eu beaucoup de  défis à relever dans cette zone.  Qu’est ce que vous avez fait si l’on sait qu’aujourd’hui, il est très difficile d’accompagner des associations faîtières qui sont entrain de faire quelque chose de bien pour les populations rurales? 

A.A.M.: Nos activités phares, il faut comprendre que les initiatives des jeunes ne sont pas soutenues. Je dirais même très peu soutenues. Les activités phares de notre association est que c’est une association qui a vu le jour dans la commune rurale d’Essakane et aujourd’hui qui est un peu partout  dans les régions de Tombouctou et de Taoudénit. Parmi les activités phares, nous avons initié des compétitions de matches de football dans le cadre de la cohésion sociale  pour rapprocher les jeunes en milieu rural et urbain  et aussi des jeunes nomades. Dans le cadre de wash, on a réhabilité trois forages toujours dans la commune d’Essakane et dans certaines autres communes. Dans le cadre de l’éducation, nous avons lancé des cris de cœur pour qu’il y ait vraiment de retour de l’école.  Dans la région de Tombouctou, on voit que  beaucoup d’écoles n’ont qu’un seul enseignant. La plupart de nos écoles existent sur papier, car elles sont créées mais qui n’ont même pas d’infrastructures scolaires. Certaines personnes de bonnes volontés essaient de récupérer les enfants pour leur donner une bonne éducation. Dans le cadre de la santé et de la protection de l’enfant, nous avons un SOS en milieu rural où  les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées trouvent des soins à travers les médicaments qu’on donne aux différents CSCOM. Nous avons donné à treize (13) CSCOM et le district sanitaire de Goundam beaucoup de matériels et de médicaments pharmaceutiques. Il y a aussi le Centre de Santé  de Référence de Goundam, à Essakane, à Gossi et dans d’autres localités. Tous ces CSCOM ont pu bénéficier de SOS en milieu nomade. Toujours dans le cadre de la protection de l’enfant, nous avons créé une initiative  depuis 2017 dans laquelle  beaucoup de communautés se sont inspirées pour protéger les enfants qu’on appelle un enfant- un Pullover. Nous faisons cette campagne pendant les mois de Novembre et Décembre.  On distribue les Pullovers et souvent on achète des friperies. Nous travaillons aussi dans le cadre du maraîchage, du reboisement et de la protection de l’environnement. On essaie d’être des repères pour les jeunes. Il faut initier et essayer d’exécuter pour qu’il ait de l’impact au sein  des communautés et qui va apporter l’éveil de conscience au sein  de notre génération.

M-C.: Quelles sont les difficultés que vous  avez rencontré dans vos actions humanitaires ?

A.A.M.: Dans ces actions humanitaires, nous avons rencontré beaucoup de difficultés. De sa création à nos jours,  chaque année notre association peut mener au moins six (6) activités. On écrit à beaucoup de partenaires dans tous les domaines, mais il est difficile jusqu’au jour d’aujourd’hui que nous sommes à la quête de partenaires.  Il est difficile d’avoir de moyens nécessaires.

M-C. : Est-ce que vous avez pu répertorier tous les partenaires humanitaires qui soient nationaux et internationaux, qui sont dans la région de Tombouctou ou dans le  district de Goundam ? Si oui, est ce que vous avez pu leur envoyer des  correspondances pour présenter de ce que vous faites et qu’ils vous disent qu’ils ont la possibilité de vous aider dans tel ou tel domaine ?

A.A.M.: On a répertorié et on a même rencontré des fois des organisations locales qui sont dans la région de Tombouctou et jusqu’au niveau national à Bamako. On a rencontré les directeurs Pays de certaines ONG. À Goundam, on rencontre régulièrement les organisations et on envoie des correspondances et des lettres de partenariats afin que ces partenaires nous apportent leurs soutiens dans le domaine de la santé, dans le domaine du wash, de la protection de l’enfant. Il y a des ONG qui sont à Goundam avec qui on a échangé, envoyé des correspondances. Nous avons aussi envoyé des correspondances dans presque toutes les ONG à Tombouctou. Tous ces écrits sont restés sans suite. On envoie par e-mail et on essaie d’avoir des réponses sans succès. Certains partenaires nous disent clairement qu’ils ne peuvent pas intervenir spécifiquement dans certains domaines. Ils nous donnent des arguments prétextant qu’ils ne peuvent pas nous soutenir.

M-C : On voit qu’il  y a peu d’associations dans ces zones, les cercles de Goundam, de Tombouctou, de Gourma Rharous, de Gossi, qui sont engagés dans le développement rural. Quelles sont selon vous les associations qui jouent dz très grands rôles  et qui peuvent soulager les populations dans les fragilités auxquelles elles vivent ?

A.A.M. :  Dans la région de Tombouctou ou dans le cercle de Goundam, il y a de milliers d’associations qui ont seulement de récépissés et qui ne fonctionnent pas. Certaines essaient de faire leur mieux pour apporter de ce qu’elles peuvent à leurs communautés telles que mon association, celles du Méhari-consulting-Mehari-Post et associations nomades pour le développement local…pour ne citer que celles-ci. Le fait de ne pas être soutenu fait que de milliers de jeunes sont découragés, dans le désoeuvrement de ne pas créer ou de ne pas entreprendre. Nous ne sommes ni soutenu par les partenaires et ni par la politique du gouvernement. Les gens croient que c’est un combat de tous les jours et que ceux qui sont engagés continuent de mener leurs actions sans le soutien et sans partenaires. Ce sont des aspects qui découragent l’élan des jeunes ou des vieux à créer des associations. C’est pourquoi celles qui sont créées restent des associations de récépissé  et fictives. Le message que j’adresse aujourd’hui à la jeunesse de la région de Tombouctou et du Mali de façon générale est de ne pas attendre le soutien des partenaires, car personne ne viendra nous aider à notre place. Nous sommes en train d’être touchés par la situation du manque de l’éducation, de la santé, de l’eau, de développement, de formations et d’initiatives. C’est à nous d’avoir aujourd’hui un éveil de conscience pour essayer de booster les choses.  Ne serait ce que pour dire qu’on existe, qu’on peut faire quelque chose. Nous devons continuer à mener toutes ces initiatives et de ne pas se décourager. Nous devons toujours nous concerter, dialoguer afin de créer de meilleures initiatives. Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir et que l’on peut toujours espérer afin que demain soit plus meilleur qu’aujourd’hui .

M-C. : Quels sont les défis qui sont dans les zones tels que les cercles de Goundam, de Gargando, d’Essakane, jusqu’en Mauritanie et l’Algérie ? Est ce qu’il y a l’espoir pour  que les gens se sentent qu’ils sont entrain de se développer ?

A.A.M. :  Selon moi, tout d’abord, il faut de la mise en œuvre de l’accord d’Alger. C’est un défi majeur à ce que les trois (3) parties se retrouvent pour essayer d’appliquer l’accord que tout le monde attend. C’est d’ailleurs ce qui va apporter de la stabilité et nous permettre de développer nos localités pour le bien-être de nos populations en particulier et du Mali en général. 

M-C : Pensez vous que l’accord d’Alger est très important pour la stabilité et le développement du nord du Mali ?

A.A.M.: L’accord d’Alger est incontournable non seulement pour le développement du nord du Mali, mais aussi pour la stabilité du Mali de façon générale. Aujourd’hui, il y a tellement de défis à relever sur le terrain. C’est la mise en œuvre de l’accord d’Alger qui va d’abord donner l’espoir à ce que les autres défis soient relevés. Il est difficile aux gens de relever les défis, s’il n’y a pas de paix, de stabilité, du vivre-ensemble, de la cohésion sociale et celà ne saurait voir le jour sans la mise en œuvre de l’accord d’Alger.

M-C.:  Quel est votre message à l’endroit des organisations nationales, des autorités du pays, mais aussi aux organisations internationales opérant  dans le domaine de l’urgence et du développement ?

A.AM.: Mon dernier mot s’adresse aux organisations internationales, quel qu’en soient  les difficultés que le Mali traverse est de ne pas oublier les communautés qui sont sur le terrain qui sont dans les difficultés et qui souffrent. Tout ce que le gouvernement trouve comme problème dans l’application de l’accord avec les parties prenantes ne doit pas impacter les actions humanitaires sur la population. Je souhaite à ce que toutes les parties signataires de l’accord et le gouvernement facilitent l’accès aux ONG internationales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *