MALI: Bamako: Le Réseau de Journalistes arabophones a animé sa 1ère conférence avec diverses professionnels.

Écrit par Alassane Cissé.

Il s’agit d’une grande conférence sous le thème « Comportement des journalistes en période de crises  » organisée par le Réseau des Journalistes et Professionnels des Médias Arabophones du Mali appelle au professionnalisme !

La maison de la presse a servi de cadre mardi 07 mars 2023, au lancement officiel des activités du Réseau des Journalistes et Professionnels des Médias Arabophones du Mali sous le thème : « Comportement des journalistes en période de crises ». Cette importante cérémonie de lancement du réseau était présidée par le représentant du Ministre de la Communication, de l’Économie Numérique et de la Modernisation de l’Administration M. Harouna Barry, en présence du représentant du Ministre du culte, des affaires religieuses et de la coutume, du vice-président de la maison de la presse, Mamadou Dabo, du Président dudit réseau, Housseyne Ag Issa, des représentants du corps diplomatique du Qatar, de la Palestine, de l’Algérie et ainsi que des journalistes experts.

Dans son mot de bienvenue, le vice-président de la maison de la presse, Mamadou Dabo a d’abord rappelé la gravité de la crise dans notre pays et qu’il a besoin de la paix et de la stabilité. Pour sa part, il s’agit d’accompagner les autorités à réussir a relever le défi de la réconciliation et celui de l’entente. Pour cela, tout journaliste, notamment les journalistes arabophones ont un grand rôle à jouer dans un pays où plus de la majorité des citoyens sont des musulmans et qui embrassent la langue arabe. À travers les organes de presse, à travers les rôles joués auprès des ambassades, c’est-à-dire les rôles d’interprètes. Il a profité de l’occasion pour interpeller les journalistes de se bien comporter dans le sens de l’édification de la paix. Le vice-président a aussi signalé qu’il est aujourd’hui nécessaire pour les journalistes de faire la formation par rapport à la Communication de crises. Ajoutant que les journalistes doivent également maîtriser leurs comportements en période de conflits.

Quant au Président du Réseau des Journalistes et Professionnels des Médias Arabophones du Mali, M. Housseyne Ag Issa, précise que ce réseau est un regroupement de professionnels de l’ensemble des acteurs du monde des médias en particulier qui parlent de la langue arabe dans l’exercice de leurs fonctions. Le Réseau s’est fixé comme objectif l’initiation et le développement des projets visant à améliorer les conditions de vies de tous les journalistes de façon globale et des journalistes arabophones de façon particulière. Sa mission est de participer à l’éveil des consciences des citoyens à travers des projets éducatifs en langue arabe et autres langues locales. Il dira que lorsque le monde entier s’intéresse à ce qui se passe au Mali et lorsque nos voisins du monde arabe souhaite comprendre les réalités des choses dans notre pays, à ce moment un grand vide s’installe. On constate alors l’absence d’interlocuteurs arabophones pour défendre l’intérêt du pays dans les médias arabes afin de participer au rehaussement de l’image du Mali, pays de la liberté d’expression. Le monde des journalistes étant très important au Mali aujourd’hui, qu’ils ont l’initiative commune de créer ce réseau pour mettre en place un véritable carrefour et un espace qui leur regroupe autour d’un idéal commun. Il a souligné qu’ils souhaitent élargir leurs relations de partenariats avec leurs confrères du monde arabe à travers les représentants accrédités des pays amis du Mali. L’adhésion du réseau est ouverte à toute personne exerçant le métier de journalisme dans les organes étatiques ou privés, soit au niveau local ou international. Il a ajouté qu’un site internet bi-langue est déjà disponible pour présenter les activités, les objectifs et les informations du réseau à travers ce lien : www.RJPMA-MAMI.ORG. Le Président a aussi signalé que les membres et d’autres jeunes bénéficieront des formations sur tous les thèmes en rapport avec le journalisme. Le Réseau a besoin de l’accompagnement du département en charge de la Communication. Prenant la parole, le représentant du Ministre du culte, des affaires religieuses et des coutumes a remercié les membres du réseau d’avoir organisé un tel événement et d’en associé son département. Au regard du contexte socio-économique et sécuritaire actuelle de notre pays, le rôle des acteurs des médias arabophones n’est plus à démontrer dans la construction d’un pays fragilisé comme le nôtre dans la consolidation de la paix et de la démocratie. Nous savons la prise en compte de cette responsabilité à travers ce thème qui est évocateur à savoir comportement des journalistes en général et celui des arabophones en particulier en période de crises. Il s’agit de faire véhiculer l’information juste et saine dans le respect de l’éthique et de déontologie du métier du journaliste. L’arabe est une langue parlée et écrite par un nombre important des maliens. À ce titre, les journalistes arabophones doivent redoubler d’efforts, leur professionnalisme, car leur auditoire, leurs lecteurs dont à la fois variés et sensibles. Pour sa part, son département sera disponible pour accompagner le réseau.

Dans son discours marquant l’ouverture du lancement du réseau, le représentant du Ministre de la Communication, de l’Économie Numérique et de la Modernisation de l’Administration, M. Harouna Barry a d’abord félicité les membres du réseau pour l’initiative. Il leur a rassuré que son département est à leur disposition. En ce qui concerne le comportement des journalistes en général, et ceux des arabophones en particulier en période de crises interpelle tous. La démocratie est faite par les hommes pour exprimer leurs besoins dans les langues qu’ils parlent et écrivent. L’instauration de la démocratie se fait à travers les langues nationales mais aussi étrangères. En matière d’exercice de la profession du journalisme, le journaliste ne doit pas seulement être de l’europhone, c’est-à-dire de parler du français, de l’anglais ou d’autres langues européennes, mais aussi de parler l’arabe. Il a proposé que le journaliste pourrait parler du bambara, du Peul, du tamasheq…. Et que chacun exerce son métier dans la langue qu’il aura choisit. Il s’agit de la langue dans laquelle il pourra faire connaître ses compétences professionnelles. Les journalistes arabophones contribuent à la démocratie au Mali. Le thème soulève de la question de la responsabilité sociale et professionnelle du journaliste. Le journaliste est un métier noble et le respect du code de l’éthique et de déontologie est un devoir pour tous.

Il faut signaler qu’après la cérémonie d’ouverture du lancement du réseau, trois experts évoluant dans le domaine du journalisme ont intervenus tour à tour pour aborder le thème sur le comportement des journalistes en période de crises. Il s’agit entre autres de Cheick Salem Haïdara, membre du conseil national des arabophones du Mali, de Mohamed Ag Ahmedou, directeur de publications du site d’Information Mehari-consulting et Maciré Diop du quotidien l’Indépendant.
Pour Cheick Salem Haïdara, le conseil national des arabophones du Mali accorde une place importante pour les langues. Pour lui, la déontologie de façon générale, est la façon dont on doit se comporter face aux événements. Être journaliste dans un pays de crises demande de plus de responsabilité, ce qui signifie que tous les médias doivent respecter les règles d’éthique et de déontologie dans notre pays qui traverse une période de profondes crises et qui a besoin de de paix. Il est donc important pour les journalistes de faire beaucoup plus d’attention dans la diffusion des informations. Selon lui, la rationalité doit priver sur tous nos comportements. Il faut que chaque journaliste sache que le Mali est notre bien commun. Chacun doit être responsable de ce qu’il fait.
Prenant la parole, Mohamed Ag Ahmedou, directeur de publication du site Mehari-consulting.com, s’est d’abord présenté à l’assistance. C’est un journaliste doté d’une expérience professionnelle avérée depuis 2012. C’est aussi un professeur d’enseignement secondaire en sciencesdel’éducation , il est également détenteur d’un diplôme de Master 2 en journalisme sciences humaines et politiques. Il a beaucoup travaillé dans des rédactions journalistiques où il y a des desks en arabe, en anglais et en français. Il a beaucoup partagé des expériences avec les camarades arabophones et anglophones. Par rapport au thème, Ag Ahmedou se focalise sur les obstacles et défis des journalistes en période de crises. Il dira que le journaliste en tant que tel doit se comporter bien qu’il soit le journaliste anglophone, arabophone ou francophone. Il reste toujours lui-même. Il a signalé que le journaliste arabophone est très courageux et qu’il joue un rôle très important car nous sommes dans un pays multiethnique et multiculturel où il y a un certain nombre de langues oùla langue arabe est beaucoup plus utilisée et consommée en terme journalistique. Il a aussi souligné qu’il existe plusieurs langues dans notre pays où le journaliste peut communiquer comme le Bambara, le dogon, le peul, le tamasheq….Selon l’expert, il est très important de rappeler que le problème auquel le journaliste est confronté est : l’inaccessibilité du terrain dû au refus ou liée à l’accréditation, l’autorisation de filmer ou de prendre des images… Il a affirmé que certains ont une très mauvaise image du journaliste par ce qu’ils ne comprennent pas. Ils pensent que le journaliste n’a pas été formé. Le journalisme est un domaine scientifique qui passe par des formations. Le journaliste doit prendre un maximum de temps pour vérifier des informations et de bien les traiter avant de les diffuser ou la publier. Il a signalé que les journalistes francophones ont besoin aujourd’hui des journalistes arabophones pour jouer le rôle de complémentarité. Ce réseau va permettre pour eux de mutualiser les efforts et de travailler pour la cohésion sociale et pour la stabilité. À 62 ans d’accession à notre indépendance, déclare-t-il que nous avons encore des chemins à parcourir ensemble afin d’atteindre nos objectifs mais avec tous ces atouts de journalistes de différentes langues , le Mali a aujourd’hui un potentiel XXL dans le domaine, il leur faut des soutiens en termes de mobilisation des ressources pour leur permettre de produire et être bien formé.

Quant à Maciré Diop, le troisième et dernier expert, journaliste au quotidien l’Indépendant est revenu sur le thème. Selon lui, le journaliste est d’abord un comportement et qu’on ne doit pas regarder ni son appartenance à une langue et ni sa race. Il doit être universel et cette universalité fait qu’aujourd’hui que les arabophones ne sont pas plus particuliers que les autres. Dans un autre aspect, il a rappelé qu’on ne saurait parler de crises au Mali sans la crise sécuritaire alors que les crises sont nombreuses et multiplies. Il s’agit de la crise environnementale, car on assiste aujourd’hui à une disparition du fleuve Niger qui joue un rôle déterminant dans le développement de notre pays et que les gens n’en parlent pas beaucoup. Il y a aussi de la crise sanitaire qui existe des épidémies mortelles. Dans son intervention, il dira qu’il ne faut pas seulement se focaliser dans la sécuritaire mais plutôt il est très utile de s’investir dans d’autres crises. Par rapport au comportement des journalistes, il faut qu’ils soient professionnels, c’est-à-dire bien formés. On rentre dans le journalisme en respectant les règles qui régissent la profession. Pour Maciré Diop, il est important de se former, de s’informer, de se doter de la culture générale, surtout quand on traite des questions liées à la crise. Sur le plan sécuritaire, il faut être un journaliste de solutions dans la crise. Il faut proposer des pistes de solutions, éviter des appels à la haine et à la violence et accorder plus de messages qui appellent à la paix, à l’union sacrée, au vivre-ensemble et à la cohésion sociale. Le journaliste doit être neutre et impartial en tant de crises.

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