Écrit Par Alassane Cissé et Mohamed Ag Ahmedou.
L’hôtel Salam a abrité lundi 05 Décembre 2022, la tenue d’une conférence régionale de haut niveau sous le thème : « Renforcer la prise en compte de la sécurité humaine et de l’agenda Femme-Paix et Sécurité dans la gestion transnationale des crises ». Organisée par le Réseau de Réflexion Stratégique sur la Sécurité au Sahel (2r3s) avec le soutien de ses partenaires, cette importante rencontre de partages d’expériences a enregistré la présence de la représentante de l’Association Femme Leadership et Développement Durable (AFLED), Saniwe Agnes Koné, de la représentante de l’Office National des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), Simonne Diouf, de la représentante de la Mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL ), Maître Soyatta Maïga, ainsi que les experts venus des pays membres de la zone de Liptako-Gourma et de nombreux invités.
Il faut d’abord rappeler que le Réseau de Réflexion Stratégique sur la Sécurité au Sahel (2r3s) entreprend la mise en place d’une plateforme de concertation, de partage d’Information et de dialogue entre praticiens (Développement, Diplomatie et Défense, Médiation et acteurs des médias), secteur académique et société civile. Elle s’inscrit dans la continuité du projet de renforcement capacitaire des centres d’études stratégiques des pays du G5 sahel. Le Mécanisme International de Prévention des Crises au Sahel (MIPAS) est un projet de gouvernance politique pour renforcer la cohérence des initiatives en matière de sécurité et de développement. L’objectif global est la création d’un mécanisme international de prévention et d’anticipation des situations de fragilité au sahel et en Afrique de l’ouest avec une feuille de route sur cinq (5) années.
À signaler que l’ouverture des travaux de la conférence régionale a été marquée par trois allocutions :
Dans son intervention, la représentante de l’Association Femme Leadership et Développement Durable, Saniwe Agnes Koné dira que les différentes formes de violence armée que nous subissons s’illustre notamment à travers une guerre asymétrique qui endeuille quotidiennement nos populations civiles. Les jeunes, femmes et les couches les plus vulnérables du pays sont particulièrement exposés aux violences basées sur le genre et aux déplacements forcés. Cette dégradation de la condition humaine touche désormais l’ensemble des pays sahéliens et la menace lorgne les pays côtiers. Elle a signalé que les femmes et les jeunes sont les premières victimes de ce conflit qui nous est imposé, leur rôle et implication dans le processus de recherche et de consolidation de la paix au Mali et au sahel reste marginalisé contrairement aux recommandations de l’agenda « Femme-Paix et Sécurité » des Nations Unies. Elle a signalé que cette rencontre sous-régionale qui rassemble cette semaine à Bamako des experts du Niger, du Burkina Faso, du Mali et des organisations africaines régionales et sous-régionales a pour objectif d’établir un cadre formel de collaboration en matière d’anticipation et de réaction aux crises dans les espaces transfrontaliers, d’établir une véritable stratégie à court et moyen terme de renforcement des capacités et enfin, à jeter es bases d’un programme de recherche- actions en matière de prise en compte de la sécurité humaine et de l’agenda « Femme-Paix et Sécurité » dans la prévention de l’extrémisme violent et de la radicalisation. À l’image du réseau de prévention des crises alimentaires, porté notamment par le Comité Inter Etat de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) et l’Office National des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC ), le Réseau de Réflexion Stratégique sur la Sécurité au Sahel travaille depuis des années à l’opérationnalisation du Mécanisme International de Prévention et d’Anticipation des Crises au Sahel (MIPAS).
Quant à la représentante de l’Office National des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, l’organisation de cette rencontre est importante compte tenu de l’expansion des activités terroristes dans la région, notamment dans les pays côtiers vers lesquels les menaces se propagent. L’ONUDC exprime sa forte préoccupation face à l’intensification de l’insécurité dans la région, l’augmentation des tensions intercommunautaires, la multiplication des attaques terroristes dans la région et à la montée de la menace terroriste dans les Etats du Golf de Guinée.
En ce qui concerne la représentante de la Mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL ), Maître Soyatta Maïga a aussi signalé que la question sécurité dans le sahel, particulièrement dans la zone de Liptako-Gourma demeure préoccupante malgré les avancées significatives enregistrées dans le cadre de la sécurisation. Aujourd’hui les Etats doivent renforcer leur dynamique afin de sécuriser les espaces transfrontaliers. Pour sa part, la Mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel continue d’apporter son soutien pour contribuer à la sécurité et au développement.
Après l’ouverture de la conférence régionale, les experts ont débattu des différents thèmes repartis dans deux grands panels.
Dans une première partie, il s’agit d’exposer entre autres : Renforcer la prise en compte de la sécurité humaine, notamment le projet de stabilisation des régions de Liptako-Gourma par la représentante du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ; la gestion transnationale des crises par le représentant l’Autorité de Liptako-Gourma ; la sécurisation des frontières et rôle des collectivités territoriales par le représentant de la Direction Nationale des Frontières ; et enfin la gestion transnationale des crises des crises par le représentant de l’Union européenne.
Le deuxième panel était axé entre autres : quelques priorités à intégrer dans l’agenda régional de MIPAS, exposé par le représentant de l’Institut Sahel (INSAH) ; et la sécurité humaine, agenda Femme-Paix et Sécurité et prévention de l’extrémisme violent et de la radicalisation à l’échelle des pays du Liptako-Gourma, aussi exposé par le représentant du Centre de Recherche de l’Espace Sahélo-Saharien (CARESS).
Dans son intervention, la représentante du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD ) a fait une présentation sur la stabilisation des régions de Liptako-Gourma. Elle a rappelé que c’est un programme intégré et limité dans le temps par des activités dans les zones dégagées et tenues par une action militaire, visant à créer ma confiance dans un processus de paix en cours reconnu internationalement par le biais d’un mandat. Parlant de cette stabilisation, il s’agit d’entretenir l’élan politique et faire revenir la population. Ce programme touche la consolidation de la paix vise à traiter les causes du conflit. Dans le ciblage géographique, il ya un projet qui est mis en œuvre avec le gouvernement du Mali à travers les zones identifiées par le gouvernement lui-même qui est le ministère de la sécurité, du ministère de la défense et celui de l’administration territoriale. C’est dans une approche de stabilisation de voir où on peut mener le processus de sécurisation. Elle a rappelé que le PNUD essaie de travailler à ce qu’il peut avoir des sites accessibles.
Le PNUD n’intervient pas dans les opérations militaires, mais d’accompagner avec des actions qui permettent aux populations de se sentir en plus de la sécurité. Le PNUD contribue à la sécurisation et à la paix afin de renforcer les liens entre les populations et l’Etat. Le PNUD est souvent les premiers qui y va avec les actions humanitaires.
Concernant le représentant de l’Autorité de Liptako-Gourma, Mama Tahirou, l’Autorité de Liptako-Gourma est une mission de développement dans le but d’assurer la sécurité. Après la rencontre des chefs d’Etats à Niamey le 24 janvier 2017, l’institution a décidé de la mise en place d’une force multinationale de sécurisation de la zone de Liptako-Gourma à l’image de la force multinationale mixte qui a été créée par la commission du bassin du lac Tchad pour lutter contre le Boko Haram. Bien avant cette rencontre à Niamey, le G5 sahel était crée et il y avait l’idée de la création de la force conjointe. La question qui se pose est de savoir pourquoi les trois (3) pays qui se trouvent au sein du G5 sahel décident subitement de créer une force spécifique dans la région de Liptako-Gourma ? Le panéliste a signalé qu’aujourd’hui les pays de la zone de Liptako-Gourma se trouvent dans une dynamique de contribuer à la sécurisation de la région et beaucoup des avancées sont en cours à travers l’engagement des Etats et ainsi que le travail abattu par les experts. Il a profité de l’occasion pour signaler que le Mali, le Niger et le Burkina Faso se sont donnés les mains pour faire face au terrorisme et à la criminalité transfrontalière.
Le troisième panéliste qui est le représentant de la cellule régionale du conseil de coordination de l’Union européenne a aussi rappelé que la sécurité est une question importante. Compte tenu des résultats escomptés, beaucoup d’efforts ont été fournis malgré que l’objectif n’est pas encore atteint.
Aujourd’hui la cellule ne peut pas perdre de vue les objectifs qu’elle s’est fixés. Elle travaille pour assurer la sécurité et la défense. La cellule compte avoir un résultat avec les partenaires à savoir veiller sur les populations, notamment les femmes et enfants afin qu’ils vivent paisiblement. Il s’agit des zones transfrontalières qui se débordent souvent par les violences. Il a souligné que l’union européenne s’inscrit dans le processus de régionalisation au sahel. Il s’agit d’avoir une vision claire sur les populations qui vivent dans les espaces transfrontaliers, de connaître la réalité du terrain et de contribuer au dispositif sécuritaire.
Quant au représentant de la Direction Nationale des Frontières, après la relecture d la réforme politique en 2018, la direction nationale des frontières a travaillé sur l’aspect sécuritaire. Il ressort du plan d’action de cette politique la nécessité d’élaborer une stratégie de sécurisation des zones frontalières. Aujourd’hui on est dans ce processus qui a commencé. Il a rassuré que ce processus prendra bientôt fin afin de mettre en œuvre d’une stratégie pour le bonheur de nos populations frontalières et transfrontalières. Selon lui, il faut de la mutualisation des efforts pour venir à bout de cette question. Il dira que la situation quoiqu’elle soit alarmante n’est pas désespérée.
Dans la deuxième partie du panel, le représentant de l’Institut Sahel a présenté les tendances démographiques et les défis sécuritaires induits en Afrique de l’ouest et au Sahel. Il a mis l’accent sur les treize (13) pays membres du CILSS et les trois (3) pays membres de l’Autorité de Liptako-Gourma. Il a aussi fait mention sur la sécurité humaine et les enjeux du déficit par la dynamique démographique qui est la combinaison complexe des phénomènes tels que la fécondité, la natalité qui ont des implications sécuritaires. Dans son exposé, il a aussi donné quelques contributions du CILSS à l’agenda du Réseau de Réflexion Stratégique sur la Sécurité au Sahel. Prenant la parole, le dernier panéliste qui représente le Centre de Recherche de l’Espace Sahélo-Saharien (CARESS), est revenu sur la sécurité humaine et de l’agenda Femmes-Paix et Sécurité et prévention de l’extrémisme violent et la radicalisation à l’échelle des pays du Liptako-Gourma. Pour lui, l’objectif vise à la promotion et la participation des femmes et des jeunes à la prévention de l’extrémisme violent avec la radicalisation à l’échelle des pays du Liptako-Gourma. Pour se faire, il faut comprendre le contexte politique, économique, social….Pour sa part, le CARESS propose de procéder à un répertoire de différentes politiques et stratégiques sur le plan national en lien avec la sécurité, la réconciliation, l’extrémisme violent et le terrorisme.