Écrit par Mohamed Ag Ahmedou et Alassane Cissé
L’hôtel de l’Amitié de Bamako a servi de cadre samedi 25 septembre 2021, une rencontre d’échanges et de partages sous le thème : religions, laïcité et citoyenneté : quels enjeux pour le vivre-ensemble au Mali ? Cette conférence-débat est organisée par le bureau Mali de Timbuktu Institute ACPS , en partenariat avec l’Ambassade de France au Mali, de Polaris Asso, et différents leaders. Pour éclairer la lanterne des uns et des autres, la conférence-débat était coanimée par les grands panélistes spécialistes dans les questions de religions, laïcité et citoyenneté. Sous la modération du Dr. Bakary Sambe, directeur exécutif régional de Timbuktu Institute ACPS, cette cérémonie a enregistré la présence de grandes personnalités dont monsieur Zoubeyrou Oumarou Diallo du ministère du culte et des affaires religieuses du Mali, de Mohamed Diouara responsable de la mission d’appui à la réconciliation du ministère de la réconciliation nationale du Mali, de Cheik Oumar Doumbia président de la plateforme YOUTH FOR CHANGE MALI, d’Amara Sidibe de la plateforme malienne pour le changement de Mariam Diarra, ancienne juge à la Cour Pénale Internationale et de bien d’autres personnalités.
D’entrée de jeu, le modérateur a d’abord planté le décor en rappelant historiquement les notions fondamentales de religions, de laïcité et citoyenneté à travers des exemples précis en occident, en Afrique et un peu partout dans le monde. Pour le Dr Bakary Sambe, directeur exécutif régional de Timbuktu Institute ACPS, au regard de l’importance du vivre-ensemble, ce thème revêt d’une importance capitale dans la mesure où les maliens ont besoin de la paix et de la réconciliation nationale. Pour lui, les questions relatives aux religions, à la laïcité et au citoyenneté jouent un rôle important dans la société. Il dira que dans toutes nos constitutions des États francophones prévoient cette question de laïcité. Pour lui, les États ont voulu gouverner les religieux. Le modérateur trouve paradoxal pour un État laïc de gouverner les religieux. Pour lui, il ya aujourd’hui au Mali, la question de la religion et le document sur la politique nationale de réconciliation dans lequel existe le vivre-ensemble qui est l’un des piliers.
Après avoir introduit la conférence-débat, les panélistes se sont intervenus brillamment dans le débat afin d’éclairer les uns et les autres.
Pour l’un des panélistes, il y a une différence entre le concept de laïcité et la pratique, car cette laïcité nous amène à la neutralité de l’État. Pour lui, l’État est considéré comme une autorité qui exerce son pouvoir sur une population et sur un territoire bien définit. Pour lui, comment ce pouvoir peut être exercé sur cette communauté en tenant compte de ses spécificités. Quant on parle de communautés, elles parlent d’adoration, leurs relations, les rapports entre l’homme et sa religion. Selon lui, comment peut-on régulariser ce vivre-ensemble ? C’est cet aspect qu’on appelle la laïcité. Pour lui, la religion est antérieure à la notion d’État. La laïcité malienne est de pouvoir exercer le pouvoir de l’État sur les différentes religions.
Quant à un autre panéliste, Hamidou Diallo, il a remercié Institute Timbuktu de l’avoir donné l’occasion de s’exprimer par rapport à ce thème. Il dira que la laïcité et religions vont de pairs et sont compatibles. Il a rappelé qu’aucun verset du coran ne contredit la laïcité, elle repose sur le libre choix, surtout dans l’islam. Il poursuivra que le Prophète Mohamed (PSL) a passé durant toute sa vie à rassembler les hommes de différentes religions. Il a pu rassemblé toutes les communautés de Médine. Malgré les différentes religions qui existaient en ce jour, il a pu prôner le vivre-ensemble afin que les communautés vivent en parfaite harmonie.
En ce qui concerne la troisième panéliste, Mariam Diarra, spécialiste dans les questions de droits de l’homme au niveau de la Cour Pénale Internationale, elle dira que la notion de laïcité a un principe constitutionnel, car la constitution du Mali prévoit cette question. Selon elle, chaque personne peut vivre de sa religion dans un État en parfaite harmonie avec les autres.
Quant au quatrième intervenant, il définit la notion de laïcité comme l’amour des uns envers les autres malgré les divergences religieuses. Au Mali, les musulmans comptent plus de 95%. Ce qui porte aujourd’hui à croire que malgré cette majorité écrasante, le pays demeure fondamentalement laïc et majoritairement musulmans.
Il faut noter que les quatre grands panélistes ont décortiqué les enjeux de ces notions sur le vivre-ensemble. La conférence-débat a été l’occasion pour certains participants de donner leurs propositions et de poser des questions d’éclaircissement sur le thème.
Certains participants ont mis l’accent l’irruption des leaders religieux sur la scène politique au Mali. Ils ont souligné que ces leaders religieux étaient des personnes respectables au sein de la société, car jouant un climat d’apaisement. Aujourd’hui, certains d’entre eux commencent à perdre leur crédibilité. Pour Zoubeyrou Oumarou Diallo du ministère du culte et des affaires religieuses du Mali, le thème est très intéressant dans la mesure où seul le vivre-ensemble demeure la voie de la réconciliation. Il est revenu sur le coran pour rappeler que l’islam prévoit la laïcité et que le Prophète s’est toujours battu pour le rassemblement. Il a soutenu les interventions de certains panélistes tout en donnant des exemples précis sur le thème.
Par contre, certains ont également posé certaines questions leur permettant de connaître parfaitement le thème. Les panélistes ont su convaincre les participants en développant les enjeux pour le vivre-ensemble. Ils ont rappelé que le Mali a besoin de ce vivre-ensemble afin de retrouver la paix et la cohésion nationale. Pour eux, on doit s’accepter malgré les divergences pour vivre en parfaite harmonie.
Dr Bakary Sambe a conclu la conférence-débat en remerciant les partenaires de Institute Timbuktu et les panélistes pour la qualité de leurs exposés et de leurs contributions dans un Mali pour le vivre-ensemble.