Après les phases communales, cercles et régionales, les maliens se sont retrouvés les 27, 28, 29 et 30 Décembre à Bamako, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) pour les Assises Nationales de la Refondation. Cet important rendez-vous d’envergure nationale qui était placé sous la haute présidence du colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, chef de l’État. L’ouverture des travaux a enregistré la présence du Premier Ministre Choguel Maïga, les membres du gouvernement, les membres du Conseil National de Transition, Pr Dioncounda Traoré, du chérif de Nioro, les légitimités traditionnelles, traditionnelles et religieuses, les représentants des missions diplomatiques accréditées au Mali, et ainsi que plusieurs invités de marque.
L’objectif général de ces assises est de faire l’état de la nation et engager un véritable processus de refondation du Mali selon les autorités de la transition malienne. Quant aux objectifs spécifiques, il s’agira entre autres : de tirer les leçons apprises à travers la synthèse des conclusions, recommandations et résolutions des différentes rencontres (forums, assises nationales, états généraux, conférence d’entente nationale, dialogue national inclusif, journées de concertations nationales sur la transition …) ; mettre à jour les préoccupations actuelles des maliens et des maliennes ; proposer un nouveau contrat national de stabilité sociale, politique, sécuritaire, économique et social tiré de notre expérience en matière de gouvernance ; avoir une compréhension commune des enjeux et défis pour le meilleur choix des réformes ; recueillir les préoccupations fondamentales, propositions concrètes et choix de réformes des acteurs locaux, régionaux, nationaux et des maliens établis à l’extérieur ; établir l’ordre de priorité des réformes globales à opérer dans le cadre de la refondation de l’État et identifier les actions à caractère exécutoire avec un chronogramme précis ; mettre en place un mécanisme de suivi-évaluation des recommandations retenues ; faire les états généraux de la migration ; proposer des éléments de réformes en vue de la révision de la constitution du 25 février 1992.
En ce qui concerne les résultats attendus, il s’agissait : apprendre les leçons tirées de la synthèse des conclusions, recommandations et résolutions des différentes rencontres qui sont faites ; faire la synthèse des actions prioritaires à caractère exécutoire assorties d’un chronogramme pour leur mise en oeuvre effective dans le cadre de la refondation de l’État….
Il faut d’abord rappeler que depuis 2012, le Mali est confronté aux conséquences d’une nouvelle rébellion dans le septentrion du pays qui a favorisé l’avènement d’une crise multidimensionnelle ébranlant les fondements de la nation elle-même. En effet, la dégradation progressive de la situation sécuritaire, conséquence de la déliquescence accrue de l’État pendant plusieurs décennies, s’est ajoutée aux dysfonctionnements des institutions étatiques, au délitement du lien social et à l’effritement de la cohésion sociale. À signaler qu’en 2015, l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus a été signé et qui n’a pu produire les effets escomptés notamment la paix, la réconciliation et la stabilité au Mali, malgré la forte présence et l’assistance de la communauté internationale. En 2020, la déterioration du climat politique et la grogne sociale ont entraîné un vaste mouvement de contestation populaire qui a contribué à la chûte de l’ancien régime. C’est ce qui a d’ailleurs conduit le pays dans une nouvelle phase de transition. C’est pour chercher des voies et moyens et faire face aux multiples crises, que les maliens se sont retrouvés une nouvelle fois aux Assises Nationales de la Refondation, après la Conférence d’Entente Nationale et le Dialogue National Inclusif pour parler du Mali.
Ce rendez-vous pour un Mali Nouveau est un « événement exceptionnel », auquel prennent part toutes les forces vives de la nation, a indiqué Zéini Moulaye tout en espérant qu’au cours de ces travaux, les participants, venus de différentes régions du Mali, feront un diagnostic sans complaisance de la crise malienne pour des solutions consensuelles et durables. Le Président du Panel des hautes personnalités des ANR, tout en félicitant le peuple malien pour sa participation massive aux phases décentralisées de ce processus de reconstruction du pays, a souligné que les attentes, quant au taux de participation, ont été largement dépassées. Pour montrer la nécessité de ce processus, SE Zéni Moulaye, Président du Panel ded hautes personnalités dans son intervention lors de l’ouverture des Assises Nationales a expliqué que la refondation tant demandée ne sera un acquis que lorsque de nouveaux citoyens verront le jour. « Pour changer la situation de notre pays, il faut que nous changions nous-mêmes », a-t-il déclaré. La naissance de ce Malien nouveau passera par des réformes au niveau de l’éducation, a-t-il souligné avant d’inviter à un sursaut national, à l’union sacrée autour des valeurs maliennes. « Une telle initiative est si vitale, qu’elle découle de nos traditions dont l’une des exigences est la participation de tous les citoyens à l’orientation et à la prise des décisions importantes qui engagent la vie de la communauté voire du pays tout entier », a déclaré le Président de la Transition dans son allocution d’ouverture. Pour cette phase finale des ANR, le Chef de l’État espère sur des « échanges fructueux ». Les mêmes qui ont caractérisé les phases intermédiaires.
Avant de clore son allocution, le Président GOÏTA a remercié le peuple malien de sa mobilisation générale, à tous les niveaux, tout au long des processus de cette « marche historique de notre pays ». Il a donc invité les participants à cette phase finale à faire des propositions concrètes de sortie de crise. Les participants aux Assises Nationales ont débattu treize (13) thématiques reparties en quatre grandes salles du Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Les thématiques étaient entre autes : les questions politiques et institutionnelles ; Défense et sécurité ; Justice et droits de l’homme ; Politique étrangère ; Dialogue social ; Santé et affaires sociales ; Paix et réconciliation ; Arts et culture ; Jeunesse, sport et éducation…. Il faut signaler qu’un Panel des hautez personnalités de dix neuf (19) personnes qui ont conduit à bord ces assises nationales. Durant quatre jours, les maliens ont fait un diagnostic sans complaisance sur la profonde et grave qui prévaut. Ces assises ont été des débats houleux et sans tabou sur la véritable refondation du pays. Des ressortissants de Kayes à Kidal en passant par Ségou et Mopti ont porté haut la voie de leurs circonscriptions sur les crises qui prévalent. Concernant la durée de transition, il ressort des recommandations et résolutions des Assises qu’il serait de six (6) mois à cinq (5) ans. La commission d’organisation a pris beaucoup de proposition dans les recommandations des participants et un comité de suivi-évaluation est mis en place.
Nonobstant les divergences, les maliens ont fini par se comprendre pour le bonheur du Mali. Lors de la clôture, et pour démontrer le caractère inclusif qui a caractérisé ces assises, le président du panel des hautes personnalités a expliqué que malgré la réticence de certains de nos citoyens à participer aux assises, une grande partie du peuple malien les attendaient avec un immense espoir et un optimisme justifié. Du niveau communal au niveau national en passant par les cercles, les régions, les maliens établis à l’extérieur, l’engouement était grandiose et à la hauteur de l’évènement. À signaler que le mérite de cette réussite revient tout d’abord au peuple malien qui par un sursaut national a adhéré à l’esprit de ces assises souveraines, a indiqué le Chef de l’Etat, tout en rappelant qu’en se soumettant à cet exercice de dialogue direct et sincère, les maliens ont donné la preuve de leur attachement à la survie et à l’épanouissement de leur pays. Rassurant le peuple malien de son engagement à mettre en œuvre les recommandations issues de ces assises, le Président de la Transition a précisé que le gouvernement mettra très prochainement en place un chronogramme visant à assurer un retour à l’ordre constitutionnel. Par la même occasion, le chef de l’État a invité la CEDEAO à accompagner le Mali dans la réalisation d’actions soutenant la mise en œuvre de ces recommandations.
Rappelons que les autorités de la transition malienne ont proposé le chronogramme qui suit la CEDEAO.
- Décembre 2023 révision constitutionnelle;
- Juin 2024 : Elections territoriales;
- Mai 2025 : Élections législatives et sénatoriales;
- Janvier 2026 : Élections Présidentielles.