Dans une interview qu’il a accordé à notre groupe de média, Mehari-post et consulting.com, le chef des déplacés de Fana Mohamed Ali Ag Maha, un homme âgé d’une soixantaine d’années, a fait un point sur la situation des déplacés et a lancé des plaidoyers envers les partenaires nationaux et internationaux pour la prise en charge de ces couches vulnérables de la population.
Mehari : Présentez-vous à nos fidèles lecteurs
Je m’appelle Mohamed Ali AG Maha, représentant des déplacés de Fana. Nous sommes issus des communautés tamashèques et Peules. C’est nous avons quitté des zones d’insécurité pour venir s’installer à Fana et essayer d’aider des familles vulnérables. Depuis 1991 j’oeuvrais dans le domaine du tourisme dans les régions de Mopti, de Tombouctou et le pays dogon jusqu’aux événements d’insécurité de 2012 qui m’ont poussé à aller me réfugié au Burkina Faso avec ma famille à Mantao où j’étais responsable des réfugiés maliens là bas. De mon retour au pays en 2016, je suis allé avec quelques familles réfugiées à Fana pour se grouper et vivre dans cette localité qui est à 110 km de Bamako.
Mehari : Est-ce que vous êtes retourné à Mopti, dans votre région, après votre rentrée à Fana ?
Je ne suis pas allé la bas parce qu’il y ‘avait l’insécurité dans le centre et on a préféré venir à Fana avec nos familles, nos femmes et nos enfants et on s’est regroupé en déplacés. On est resté et on s’est enregistré à un nombre bien déterminé.
Mehari : Vous êtes au nombre de combien de familles déplacées basées à Fana?
Nous sommes actuellement entre 60 et 80 familles déplacées. Chaque jour nous recevons des gens en provenance des zones d’insécurité comme Diallassagou, Bankass, wonkoro, Boni, Hombory et de bien d’autres. Le nombre de déplacés augmentent de jour en jour. Ces réfugiés sont des communautés touarègues, peuls songhoys et dogonnes.
Mehari : Avez-vous reçu les réfugiés de la commune de Ouankoro, dans le cercle de Bankass ?
Oui nous avons reçu les déplacés de la commune de Ouankoro, et même certains qui ont quitté Diabaly.
Mehari : Pourquoi le choix de résidence porté sur Fana ?
Notre choix sur Fana est très simple, car on a une forte communauté dans cette zone depuis longtemps et que l’un de nos parents est bien connu par la communauté de Fana, et que l’ancien chef de village ainsi que toute la chefferie ont beaucoup d’estimes pour les familles tamashèques et autres communautés du nord. Nous avons aussi nos parents qui étaient là et qui ont préféré prendre leur retraite à Fana, notamment feu Abdoulaye Ag Mohamed Alhadi qui était la bas depuis 1997 et d’autres dirigeants de l’administration de Fana qui ont marqué les habitants et notables de Fana. À travers cela, on a constaté aussi que Fana est une zone de paix et de sécurité et que la population nous accueille à bras ouvert. On n’a aucun problème dans cette ville de paix, car elles s’occupent bien de nous et nous respectent. Aucun problème ne touche notre communauté dans la ville de Fana. C’est pour quoi on a décidé de s’installer à Fana. Et aussi les produits de première nécessité ainsi que les loyers sont abordables à notre pouvoir d’achat même si il est très bas.
Mehari : Avez-vous une association? Ou un consortium d’associations ?
Nous avons créé une association des jeunes déplacés de Fana et une autre pour les femmes déplacées de Fana.
Mehari : Comment vous faites pour vous organiser, ou de travailler avec les partenaires locaux ?
Nous travaillons avec l’action du développement social. Nous faisons des réunions ensemble pour voir quelles sont les activités qu’on peut mener malgré qu’on a pas assez de moyens. Nous essayons de faire quelque chose pour pouvoir amener nos enfants à l’école et pour nous soigner et nous prendre en charge. On se débrouille mais pour le moment on a pas de partenaires.
Mehari : En tant que chef des déplacés, vous êtes en connexion avec les partenaires locaux et vous êtes aussi dans le secteur agro-pastoral. Quel appel avez-vous à lancer aux partenaires ou aux bonnes volontes afin de venir vers vous pour vous soutenir?
L’appel que j’ai à lancer pour les partenaires est qu’ils nous viennent en aide. Qu’ils appuient les populations déplacées de Fana. Il y’a certains qui évoluent dans le secteur agro-pastoral pendant que d’autres mènent de petits commerces. Il faut signaler que quand on quitte chez soi (au village) c’est avec les mains vides, car tout est détruit. Il y a la plateforme FUSI MALI qui aide beaucoup et qui contribue au financement de certaines choses des déplacés de Fana. Cette plateforme dont je suis membre est en train de faire beaucoup de choses pour les déplacés.