Écrit par Mohamed AG AHMEDOU et Bah Traoré Le Grand
Le bras de fer entre Paris et Bamako occupe la Une des journaux maliens au lendemain de l’arrivée à Bamako du premier ministre Choguel Kokala Maïga en provenance de New York.
Les propos du premier ministre malien lors de son discours à La Tribune des Nations Unies n’a pas laissé indifférent Paris qu’il accuse d’avoir pris une décision unilatérale avec le retrait annoncé de Barkhane.
« La nouvelle née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires » a affirmé le premier ministre.
Peut-être une première dans L’histoire du Mali qu’un haut placé au sommet de l’état fasse de telles déclarations à l’égard de la France.
Incriminée , Paris se justifie
Le porte parole du quai d’Orsay dément les propos du premier ministre malien et justifie que la transformations dispositif militaire français au Sahel a fait l’objet de consultations des états sahéliens notamment lors du sommet de Pau, en janvier 2020. Le quotidien privé malien » l’Indépendant » nous fait savoir que si la France avait au début parlé de retrait maintenant elle semble prendre une nouvelle posture depuis la prise du pouvoir par Assimi Goïta.
La ministre française des Armées, Florence Parly quant à elle part à la charge contre Choguel dont elle juge les propos d’hypocrites et d’indécents au lendemain de la mort du caporal-chef Maxime Blasco. Poursuit L’Indépendant
Un autre quotidien, Le Nouvel Horizon rapporte que La France réaffirme avec fermeté qu’il ne s’agit ni d’un abandon, ni d’un retrait, Parly voit en cela une manœuvre de la transition à vouloir prolonger les délais de la transition mais de là à s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français, elle trouve cela inacceptable.
Les relations entre la France et le Mali ont connu une détérioration depuis la prise du pouvoir par le colonel Goïta.
Comme le dit un adage: «Quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui souffrent » La France n’a pas intérêt à quitter le Mali à l’heure où la Russie sous la bannière de Wagner s’apprête à entrer dans le jeu.
C’était au tour du commandant de la force Barkhane d’apporter des éclaircissements sur le projet de fermer les bases dans les zones du nord du Mali.
Le général Laurent Michon indique que la fermeture de certaines bases vise à concentrer les efforts sur la zone des trois frontières afin d’empêcher les jihadistes d’étendre leur influence aux pays du golfe de Guinée. Propos rassemblés par Abdoulaye Diarra du journal L’Indépendant
Selon L’Essor qui est le quotidien officiel du Mali, mentionne dans le titre que « le premier ministre a accompli dignement sa mission à La Tribune des Nations Unies. Dès son retour au bercail, le premier ministre a été accueilli dans la ferveur à la hauteur de son discours ». Il a été reçu immédiatement à Koulouba par le chef de l’état, le colonel Assimi Goïta.
L’ambassadeur de France au Mali s’exprime dans « Le Soir de Bamako » « La france n’a pas d’intérêt caché au Mali » qui met en évidence le titre en titre de la lettre de l’ambassadeur de France au Mali, Joël Mayer à Choguel Maïga dont le soir a publié l’intégralité de son contenu.
Dans cette lettre l’ambassadeur de France au Mali à souligné que « Rien qu’en 2021 la France a dépensé plus de cinquante milliards de francs CFA d’appui au développement et trois mille soldats sur le sol malien, selon lui il est inexact d’affirmer que la France cesse de se tenir au côté de son partenaire historique ».
Il est à noter que les rapports diplomatiques entre le Mali et la France ne sont pas au plus haut point. Depuis l’arrivée annoncée de Wagner, la France tient à maintenir son influence au Sahel qui est jugé inefficace par une partie de la population malienne qui ne manque d’occasion pour demander le retrait sans condition.
Pour l’imam Mahmoud Dicko, l’arrivée des mercenaires de Wagner ne va pas résoudre le problème. Recueilli par Nouvel Horizon
L’imam connu pour ses prises de positions et ses apparitions médiatiques sur des questions d’intérêt public, préconise une solution beaucoup plus endogène à notre problème.
Au regard de la complexité de la situation sécuritaire au Mali, le tout militaire est loin d’être la seule alternative, il faut des solutions beaucoup plus holistiques.
Dans une interview accordée au Soir de Bamako, L’imam Dicko s’érige en pacificateur et unificateur qui appelle les maliens à taire leurs rancœurs, leurs haines afin de se mettre ensemble autour de l’essentiel. « Les autres ne peuvent pas finir faire notre pays à notre place, ce n’est pas possible ». Néanmoins il est resté dubitatif face à la prorogation de la transition qui ne fait pas l’objet de débat pour le moment. Pour lui, si la France abandonne le Mali aujourd’hui ce n’est pas la fin du monde et si elle reste ou qu’un autre vient il ne faut pas croire que l’on sortira de cette situation demain.