Le pacte social pour la paix et le développement issu des communautés de Goundam, une expérience novatrice et unique au Mali

Coordination K. A.

Dans le cadre du lancement de ses activités, la Coordination Kel-Ansar et alliés a voulu innover par la création et le test des nouveaux modèles et nouvelles approches sur base de longues réflexions et échanges entre ses cadres mais aussi des apprentissages d’échecs répétés de plusieurs processus communautaires porteurs d’espérance mais restés sans suite.
L’une de ces innovations consistait à porter la voix des communautés sur base des besoins et problématiques identifiés par elles-mêmes comme « prioritaires » pour un faire un plan d’action transparent et participatif. C’est à ce titre qu’a été organisée une rencontre intra et intercommunautaire à Goundam du 12 au 14 février 2021 dans un but d’identification et de formulation d’une stratégie et des approches cohérentes, basées sur les réalités du terrain et les priorités soumises par les participants.

Bien que l’initiative vienne de personnalités majoritairement Kel Ansar elle est cependant ouverte à toute personne, toutes communautés voisines confondues désireuse d’apporter sa contribution et s’inscrivant dans ses objectifs statutaires suivants !

Contribution au renforcement d’une cohabitation pacifique inter et intracommunautaire au Mali en général et au sein des communautés Kel Ansar et Alliés en particulier.

Encouragement d’une participation active et responsable des acteurs majeurs et des communautés au développement dans leur environnement.

Encouragement et accompagnement des populations dans les actions de paix de médiation et de développement durable.

Notre analyse de départ que nous partageons aussi pour la première fois était la suivante :

Tout d’abord nous constatons avec amertume que notre pays traverse une crise multidimensionnelle qui touche à la fois les fondements mêmes de l’Etat-nation, mais aussi qu’il n’est jamais trop tard pour agir autrement.

Cette crise passe aussi par des bouleversements sociaux profonds au sein des populations, eu égard à l’absence de l’Etat et à la présence d’acteurs de la violence qu’ils soient signataires ou non de l’accord de paix.

L’un des bouleversements majeurs est la totale déstructuration du tissu social régi par le passé à la fois par une légitimité représentative indiscutable et indiscuté des leaders communautaires qui s’inscrivait dans des rapports historiques, économiques et sociaux continus et entretenus dans le temps avec des processus intelligibles pour toutes les communautés basées sur les traditions us et coutumes.

Cette prédisposition des populations à la paix entre elles s’est délitée avec les sécheresses, les rebellions, les processus électoraux successifs, dont la crise majeure de 2012 avec la stratégie de survie menant à la transhumance entre mouvements armés mais aussi et surtout la faiblesse des services de base et la mauvaise gestion du peu existant qui créent ou entretiennent des clivages jusque là maintenus en basse intensité par la formidable proximité des leaders communautaires de terrain.

Ainsi, le Nord du Mali est en phase de « ruptures », rupture avec la bienséance des traditions, rupture avec l’État et ses représentations, rupture entre communautés menant inexorablement à la diffraction et à l’affaiblissement des communautés en inter et en intracommunautaire.

Ces ruptures, additionnées à la pauvreté poussent les individus à la concurrence effrénée sur des ressources limitées avec le phénomène des brisures en milles morceaux des entités historiques en de multiples fractions et villages qui modifient totalement les configurations géospatiales mais aussi les bases sociétales et les rapports sur lesquels ces bases reposaient.

La coordination Kel Ansar et Alliés s’est donc posé la question suivante : Comment mettre à profit ces valeurs d’antan qui ont formé ce ciment solide entre communautés et entre individus sans négationnisme de la réalité d’aujourd’hui tout en anticipant sur un projet de société malienne multiple et diverse souhaitable de demain ?

C’est donc de cette réflexion qu’est née pour la première fois dans l’histoire des rencontres intercommunautaires l’idée d’un pacte social pour la paix et le développement approprié avec pour but d’être porté par les communautés elles-mêmes qui transcende les divergences et les différences et qui soit aussi duplicable avec ses mécanismes de suivi et de mise en œuvre partout sur le territoire national.

Il est né de la volonté ferme d’innover en regardant le présent avec réalisme, en mettant à profit toutes les opportunités basées sur des acteurs positifs mais aussi en prenant le temps pédagogique nécessaire pour rêver ensemble d’un futur souhaité de paix, de confiance favorable à un meilleur développement de nos communautés.

La rencontre intra et intercommunautaire de Goundam, tenu de 12 au 14 février 2021 fut le lieu de naissance de ce formidable outil dont la réussite dépendra largement de l’importance qui lui sera accordée en termes de mesures d’accompagnement et de son caractère inclusif, ouvert et volontariste.

La Coordination Kel Ansar et Alliés se donne comme objectif d’accompagner la mise en œuvre et le suivi de ce pacte social en lui définissant un plan d’action, en mettant en place « un comité de suivi et de mise en œuvre » constitué de personnes dites qualifiées au sein des communautés dont la première étape sera présentée et discutée lors d’un grand « kick-off meeting » où seront invités représentant des communautés, autorités et personnalités ressources.

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