
Goundam, 5 juillet 2025 , les populations sont plus que jamais en insécurité totale dans la région de Tombouctou, et particulièrement dans le département de Goundam, une nouvelle terreur s’installe. Celle menée non plus par des groupes terroristes, mais par ceux qui prétendent les combattre : l’armée malienne et ses supplétifs russes, désormais rebaptisés Africa Corps, héritiers directs du sinistre groupe Wagner.
Selon plusieurs sources locales fiables, des éléments de l’armée malienne accompagnés de leurs alliés russes se livrent depuis des mois à des pillages systématiques contre les communautés nomades. Ces derniers jours, les témoignages sont accablants : plus de 225 vaches volées aux éleveurs autour du lac Télé, 70 moutons arrachés aux habitants du village de Zine-Zine, et ce n’est que la partie visible d’une stratégie brutale et cynique d’appauvrissement.
« Les FAMA sont entrain d’emmener les animaux des nomades au stade de sport de Goundam pour les égorger et les distribuer à la population locale. Aujourd’hui, c’est la fête à Goundam, mais avec la viande volée à d’autres Maliens. »
Ce témoignage glaçant montre l’ampleur des opérations : des dizaines d’animaux entassés dans un stade, transformé en abattoir improvisé. Derrière cette apparente distribution « sociale », se cache une logique de prédation et de punition collective.
Une stratégie de déplacement forcé ?
Ces pillages ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans un contexte de violences ciblées contre les populations nomades, principalement touarègues et arabes, dans les régions du Nord. Depuis septembre 2023, des centaines de milliers de personnes ont fui, chassées par les violences, les exécutions extrajudiciaires, les décapitations et le harcèlement militaire.
En parallèle, les taxes imposées par la junte sur les recharges téléphoniques et les transferts d’argent, couplées à la fermeture de milliers d’écoles, montrent un désengagement total de l’État envers les préoccupations réelles des Maliens. L’espoir que représentait la junte militaire en 2020 s’est transformé en désillusion amère.
Une armée contre son peuple
Les FAMA, censées protéger tous les Maliens sans distinction, se rendent complices de crimes contre leurs propres concitoyens. L’appui apporté par les mercenaires russes n’a fait qu’amplifier les abus. Loin de restaurer l’autorité de l’État, la junte l’a remplacée par une autorité brutale, illégitime et prédatrice.
Aujourd’hui, dans les plaines de Goundam, ce ne sont pas les terroristes qui effraient les éleveurs, mais bien ceux qui portent l’uniforme national. Et cela, ni les distributions de viande volée, ni les discours patriotiques, ne pourront le cacher.
Il est temps de parler
Il est urgent que les voix des victimes soient entendues. Que les médias maliens et internationaux s’intéressent à ce qui se passe au nord du pays. Que les institutions régionales et les défenseurs des droits de l’homme se saisissent de ces cas documentés de pillage organisé, de violences ciblées et de politiques discriminatoires.
Le Mali ne peut pas construire son avenir sur l’exclusion, la violence et le silence. Les éleveurs nomades du Nord sont des Maliens à part entière. Leur dignité doit être respectée, leurs droits garantis.
