
Par Mohamed AG Ahmedou
Le dernier rapport mensuel de l’Association Kal-Akal, observatoire citoyen engagé dans la défense des droits humains au nord et au centre du Mali, publié ce 1er Juillet, dresse un tableau alarmant de la situation sécuritaire dans les régions de l’Azawad. En juin 2025, les violences ont atteint un niveau de brutalité sans précédent, avec une hausse notable des exactions contre les civils.
Des civils pris entre plusieurs feux
Selon Kal-Akal, les Forces armées maliennes (FAMa), appuyées par le groupe paramilitaire Africa Corps (successeur du tristement célèbre groupe Wagner), sont responsables de violations graves du droit international humanitaire. L’association dénonce une multiplication des frappes aériennes aveugles, des exécutions sommaires, ainsi que des arrestations arbitraires et disparitions forcées.
> « Le changement de nom de Wagner en Africa Corps n’a en rien changé la brutalité des méthodes. Au contraire, certaines pratiques se sont même aggravées », affirme le rapport.
Bilan humain : des chiffres glaçants
72 exécutions sommaires et meurtres ciblés ont été documentés, dont des personnes âgées, des pêcheurs et des enfants.
Le 26 juin, dans le village d’Igacher Sdidane, une opération conjointe FAMa–Africa Corps aurait causé la mort de plus de 20 civils, dont des femmes et des leaders communautaires.
44 cas de disparitions et de tortures ont été recensés : arrestations massives de jeunes, rafles dans les camps de déplacés, actes de torture signalés à Tessit et Gao.
8 incidents de pillages et destructions : véhicules civils détruits, maisons incendiées, vols de panneaux solaires, notamment à Ménaka, Sormo et Almoustrat.
Une crise humanitaire qui s’aggrave
Au-delà du bilan humain, l’association tire la sonnette d’alarme sur les conséquences humanitaires catastrophiques : exode massif, villages vidés de leurs habitants, familles disparues, et un climat de peur généralisée.
Aucun cas de violences sexuelles n’a pu être formellement confirmé durant cette période, bien que des témoignages non vérifiés indiquent des risques dans certaines zones.
Un appel à la communauté internationale
L’Association Kal-Akal interpelle la communauté internationale sur l’urgence de la situation. Elle appelle à :
L’ouverture d’enquêtes indépendantes sur les crimes commis.
Des mesures concrètes de protection des civils.
Une réponse ferme contre l’impunité des auteurs de ces violences, quels qu’ils soient.
> « Que ce soit sous uniforme malien, drapeau mercenaire ou bannière jihadiste, les populations civiles paient le prix d’un conflit sans règles ni limites. »
Kal-Akal maintient sa mission de vigilance
Malgré les risques, Kal-Akal réaffirme son engagement à documenter les abus, à soutenir les victimes et à témoigner pour l’histoire. Le rapport de juin est un nouvel appel à la justice pour l’Azawad, une région oubliée où les droits humains continuent d’être piétinés dans le silence.
Le 13 juin dernier, l’Association Kal Akal en coalition avec l’organisation Imouhagh Internationale, ont déposé une plainte conjointe à la Cour Pénale Internationale contre les violations des droits humains et les transferts des armes illicites dans l’Azawad par la junte militaire malienne et ses collaborateurs.
