Écrit par Ouanis.M.
L’arrestation récente de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de renom, à l’aéroport d’Alger a provoqué une vague d’indignation internationale. Auteur du célèbre 2084 :
La fin du monde et fervent critique du régime algérien, Sansal est accusé de « porter atteinte à l’unité nationale » et de « divisions du pays », en raison de propos controversés sur les frontières algéro-marocaines. Son cas illustre les défis auxquels sont confrontés les intellectuels et journalistes dans de nombreuses régions du monde.
Boualem Sansal, 75 ans, est depuis longtemps dans le collimateur des autorités algériennes. Outre ses critiques sur la corruption et l’islamisme en Algérie, il a régulièrement dénoncé le manque de libertés individuelles dans son pays natal. Depuis la publication de Le Serment des barbares en 1999, ses ouvrages ont souvent été censurés. Son voyage en Israël en 2011, où il a participé au Salon du livre de Jérusalem, a renforcé l’animosité du régime à son égard. Malgré ces pressions, Sansal a refusé de s’exiler définitivement et continuait à visiter l’Algérie, un acte qu’il considérait comme une preuve de son attachement à sa terre natale.
Selon plusieurs sources, l’arrestation de Sansal pourrait être liée à des déclarations récentes où il affirmait que « l’Ouest de l’Algérie faisait historiquement partie du Maroc » durant la colonisation française. Cette déclaration a été interprétée comme une remise en cause de l’intégrité territoriale algérienne, une question extrêmement sensible dans le contexte des tensions entre Alger et Rabat. Les autorités algériennes n’ont pas officiellement confirmé les motifs de son interpellation, mais il risque des poursuites graves, voire une peine de prison.
L’arrestation de Boualem Sansal est loin d’être un cas isolé. En Algérie, les écrivains et journalistes critiques sont régulièrement confrontés à des intimidations. À titre d’exemple, Kamel Daoud, prix Goncourt 2024, a récemment été accusé de diffamation en raison de son traitement de la guerre civile algérienne dans son dernier roman. Ces mesures font écho à une tendance globale de répression de la liberté d’expression.
Si l’Algérie est souvent montrée du doigt, d’autres pays, y compris des démocraties établies, ne sont pas exempts de critiques. En France, l’arrestation de la journaliste Ariane Lavrilleux pour avoir révélé des secrets militaires, ou encore les poursuites contre Julian Assange aux États-Unis, illustrent que les journalistes et intellectuels sont sous pression partout dans le monde. Ces cas soulignent que la censure et les atteintes à la liberté de la presse ne sont pas propres aux pays émergents.
Le cas de Boualem Sansal met en lumière un problème systémique : la difficulté, pour les écrivains et journalistes, de critiquer librement des régimes ou des politiques. Que ce soit en Algérie, en France ou ailleurs, ces atteintes rappellent que la liberté d’expression reste fragile.
Cependant, emprisonner ou réduire au silence des figures comme Boualem Sansal n’effacera pas les questions qu’ils soulèvent. Au contraire, ces actions ne font qu’amplifier leur message et renforcer la nécessité d’un débat libre et ouvert.