Azawad: Un an après la bataille de Tinzawatene, le FLA revendique la victoire et dénonce les crimes de guerre

Par Mohamed AG Ahmedou.

Un homme en tenue militaire, le visage découvert, lit d’une voix ferme, dans une vidéo récente diffusée sur les réseaux sociaux, un communiqué du Front de Libération de l’Azawad (FLA). Devant un drapeau aux couleurs touarègues, le combattant célèbre le premier anniversaire de la victoire du 27 juillet 2024, date à laquelle les forces indépendantistes touarègues auraient, selon ses termes, infligé une lourde défaite à l’armée malienne et à ses alliés russes du groupe Wagner dans la zone de Tinzawatene, au nord-est du Mali(Nord-Est de l’Azawad)

Cette déclaration intervient alors que la situation dans la région reste extrêmement tendue. Les frappes de drones maliens, de plus en plus fréquentes, ont provoqué ces derniers mois des dizaines de morts parmi les civils nomades, selon plusieurs ONG locales. Les témoignages, bien que difficiles à vérifier de manière indépendante, évoquent des attaques contre des campements touaregs, assimilés à tort à des bases rebelles.

 « L’armée malienne et ses partenaires étrangers ciblent nos populations, nos femmes, nos enfants, nos anciens. Ils veulent briser notre résistance par la terreur », affirme le porte-parole des combattants armés du FLA dans son allocution, parues dans la vidéo.

Une guerre de l’ombre

La bataille évoquée du 27 juillet 2024 reste l’un des épisodes les plus opaques du conflit au nord du Mali. Selon des sources concordantes, elle aurait opposé les éléments du  CSP-DPA devenu FLA, , à un convoi militaire malien escorté par des mercenaires du groupe Wagner dans la région désertique de Tinzawatene, non loin de la frontière algérienne.

Si les autorités de Bamako sont restées muettes sur cet affrontement, plusieurs images circulant à l’époque laissaient entrevoir des véhicules militaires calcinés, des corps abandonnés, et des messages de revendication de la part des mouvements armés locaux. Le FLA parle d’une « victoire éclatante« , qui symboliserait, selon lui, la capacité des forces armées de l’Azawad à repousser « l’occupation militaire » imposée par le pouvoir central.

Cibles civiles, silence d’État

Au-delà de la célébration, le communiqué met surtout l’accent sur la répression que subiraient les populations nomades depuis cet affrontement. L’armée malienne, qui a récemment bénéficié d’un renforcement de ses capacités de surveillance grâce à des drones fournis notamment par la Turquie et la Russie, est accusée de frappes aveugles sur des civils, accusés à tort de collusion avec les groupes armés.

Plus préoccupant encore, plusieurs témoignages recueillis par des associations locales rapportent des massacres de civils, commis par des mercenaires russes de Wagners ou Africa Corps, en particulier dans les zones d’Anefis, Tabankort et Tin-Essako, Lougui, Essakane, Gargando, Janka, Ersane dans presque toutes les régions du nord du Mali. « Ils arrivent la nuit, souvent accompagnés de soldats maliens. Ils tuent sans poser de questions. Des familles entières disparaissent », confie un habitant d’Anefis, joint par téléphone.

Une guerre oubliée

Dans le désert malien, les équilibres sont fragiles. La chute des accords d’Alger, la marginalisation des anciens groupes signataires, et le renforcement de l’axe Bamako-Moscou ont transformé la région en théâtre d’une guerre asymétrique, où les lignes entre civils, rebelles et terroristes sont volontairement brouillées.

À Eghaf Namane, le souvenir du 27 juillet 2024 appelé  » La bataille de Tinzawatene »,  reste vivace. Pour le FLA, il incarne une revanche contre un État qu’ils accusent de mépris et de violence. Pour Bamako, ce genre de discours est qualifié de « séparatiste » ou de « terroriste« .

Mais pour les populations civiles, ni le drapeau de Bamako ni celui du FLA ne suffit à garantir la paix. Et chaque drone dans le ciel leur rappelle que la guerre, même un an après, n’a pas quitté l’Azawad.

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