Au Niger, une société civile en mouvement : entre quête de justice sociale et appel à la libération de Bazoum

Niamey – 21 juillet 2025. Par Mohamed AG Ahmedou.

Une nouvelle voix se fait entendre dans le tumulte institutionnel et social qui secoue le Niger depuis un an. Le Mouvement Indépendant pour un Niger Nouveau dans la Justice et l’Égalité (MINNJE), une jeune organisation de la société civile portée par de jeunes militants pour l’État de droit, appelle à une manifestation pacifique le 25 juillet prochain dans les rues de Niamey. Un appel relayé et soutenu par des figures montantes de l’opposition démocratique telles que Ghaliou Alhassane et Amoumene Haidara, piliers de l’Alliance Démocratique Africaine (ADA) et du Collectif pour la Libération de Mohamed Bazoum.

Dans une déclaration transmise à la délégation spéciale de la ville de Niamey, le coordinateur national du MINNJE, Abdourahmane Idé, indique que la marche partira de la place Toumo pour s’achever place de la Concertation, lieu symbolique des revendications populaires nigériennes.

Une société civile qui reprend la rue

Les mots sont pesés mais fermes. Le MINNJE exige « la libération immédiate et sans condition du président Mohamed Bazoum », toujours détenu deux ans après le coup d’État de juillet 2023, malgré « l’absence de toute base légale » justifiant sa détention prolongée. Cette exigence s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un retour à l’ordre constitutionnel, mais aussi d’une justice sociale élargie.

« Il ne s’agit pas d’un simple appel à la démocratie formelle, mais d’une profonde exigence de redevabilité », insiste un membre du mouvement joint par téléphone. Le MINNJE appelle ainsi à la traduction devant la justice des délinquants économiques et financiers, conformément aux recommandations des délégués des Assises Nationales de la Refondation.

Justice sociale, défense de l’habitat, sécurité nationale

Au-delà de la question politique, les revendications sociales et économiques occupent une place centrale dans cette mobilisation annoncée. Le mouvement demande l’abandon du projet de démolition des habitations dans la ceinture verte de Niamey, projet décrié par de nombreux habitants comme une mesure inhumaine et précipitée, menaçant la stabilité de milliers de familles urbaines précaires.

Enfin, le MINNJE exige une véritable politique sécuritaire : celle qui passerait non seulement par des discours martiaux, mais par l’équipement moderne et efficace des Forces de Défense et de Sécurité face à la menace persistante du terrorisme dans les régions frontalières du nord et de l’est du pays.

Un bras de fer en gestation ?

Cette mobilisation pourrait marquer un tournant. Si les autorités de transition restent sourdes aux appels à la concertation et continuent d’éluder les demandes de justice et de dialogue, le retour de la rue comme espace politique majeur semble inévitable. Le soutien d’organisations comme l’ADA pourrait donner un poids politique plus large à ce mouvement encore embryonnaire mais structuré.

Dans une région sahélienne où les régimes militaires ont souvent été renforcés par la lassitude populaire et les échecs des élites civiles, la mobilisation du 25 juillet fera office de test grandeur nature : test de la capacité de mobilisation citoyenne, mais aussi test de la tolérance des autorités militaires à la contestation pacifique.

La société civile nigérienne n’a pas dit son dernier mot. Reste à savoir si le pouvoir entendra cette parole ou choisira, une fois encore, de l’écraser.

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