
Inadjabar, Cercle de Tessalit (Région de Kidal) , dans l’Azawad. Ce qui s’est passé ce jour dans la localité d’Inadjabar est une énième illustration du drame que vivent les populations civiles du nord du Mali. Une patrouille conjointe des Forces Armées Maliennes (FAMA) et de leurs alliés d’Africa Corps (AK) a traversé la zone, laissant derrière elle une scène de désolation : plusieurs forages d’eau modernes ont été délibérément sabotés.
Ces forages, construits par des organisations non gouvernementales (ONG) au service des populations locales, étaient les seules sources d’eau disponibles dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Leur destruction plonge aujourd’hui des communautés entières dans une situation critique, obligeant familles et éleveurs à l’exil et condamnant des milliers d’animaux à la soif et à la mort.

Un acte aux conséquences humanitaires désastreuses
Les populations d’Inadjabar et des environs n’ont désormais plus accès à l’eau, un besoin vital. En plein Sahel, où les températures dépassent les 40°C, la privation d’eau potable est une arme silencieuse mais redoutable, utilisée non pas contre un ennemi armé, mais contre des civils innocents, majoritairement des éleveurs, des femmes et des enfants.
Les auteurs de cet acte ne sont pas inconnus des autorités locales. Pourtant, aucune mesure n’a été prise pour protéger les infrastructures essentielles ni pour sanctionner les responsables. Ce silence complice ne fait qu’aggraver la situation sur le terrain.
Une politique contradictoire et irresponsable
Le gouvernement malien appelle régulièrement les réfugiés à revenir au pays, à « reconstruire ensemble ». Mais comment convaincre des populations de rentrer si, en parallèle, on détruit leur habitat, leurs écoles, leurs centres de santé et leurs points d’eau ? Comment parler de réconciliation, de retour à la paix, lorsque les actes vont à l’encontre de toute logique humanitaire et nationale ?
Ces forages n’ont pas été financés par l’État malien. Ce sont les ONG, avec l’appui de partenaires internationaux, qui ont œuvré pour apporter un minimum de dignité à des communautés abandonnées depuis des années. Aujourd’hui, ces efforts sont réduits à néant par des actions militaires brutales et incompréhensibles.
L’État doit rendre des comptes
Le gouverneur de la région de Kidal ne peut se contenter de rester passif. En tant que représentant de l’État, il est le premier responsable de la sécurité et du bien-être des populations locales. Il est de son devoir de faire toute la lumière sur cet acte de sabotage, d’identifier les coupables et de les traduire devant la justice. Le laisser-faire, dans ce contexte, équivaut à une complicité silencieuse.
Le sabotage des forages d’Inadjabar n’est pas un fait isolé. Depuis plusieurs années, on assiste à la destruction programmée de points d’eau, de centres de santé communautaires (CSCOM), et d’infrastructures civiles dans le nord du Mali. Cette stratégie, qu’elle soit officielle ou tolérée, constitue une violation grave des droits humains et un obstacle majeur à toute perspective de paix durable.
À Inadjabar, c’est plus que de l’eau qu’on a détruit : c’est l’espoir, la stabilité et la vie elle-même. L’État malien, s’il veut réellement parler de paix et de retour des réfugiés, doit changer de cap immédiatement. Les populations du Nord ne demandent pas l’aumône, elles exigent le respect de leur dignité, de leur droit à la vie et de leur territoire.