Par Ouanis M., journaliste, 21 novembre 2024
Face aux multiples crises que traverse le Mali – entre exactions militaires, tensions politiques et effondrement socio-économique – une plateforme politique et citoyenne s’est imposée : le Panel des Démocrates Maliens pour la Justice et le Développement au Sahel (PDM-JDS). Ce mouvement, né d’une diaspora engagée, se présente comme une réponse à l’échec des autorités de transition à relever les défis cruciaux du pays.
Un contexte marqué par l’instabilité et les abus:
Depuis le renversement du régimes civils en 2020- 2021 par la junte militaire, le Mali est plongé dans une situation chaotique. La montée en puissance des groupes terroristes, notamment dans le nord et le centre, et l’incapacité des autorités militaires à restaurer la sécurité ont laissé une large part de la population dans un état de désespoir. À cela s’ajoutent les accusations visant les mercenaires du groupe Wagner, qui, aux côtés des forces maliennes, sont impliqués dans des exactions massives contre des civils nomades et des minorités marginalisées.
La situation humanitaire est tout aussi préoccupante. Le Programme alimentaire mondial a récemment alerté sur une crise alimentaire qui touche des millions de personnes, exacerbée par la violence et les déplacements forcés
Pendant ce temps, les autorités de Bamako, selon plusieurs rapports, privilégient une approche coercitive et répressive, plutôt qu’un dialogue inclusif avec les communautés affectées.
Dans ce climat de défiance, le Panel des Démocrates s’est constitué en Suisse, porté par des membres influents de la diaspora malienne. Son but est de proposer une alternative politique fondée sur des valeurs de justice, de dignité et de développement équitable, tout en dénonçant les abus systématiques.
L’ancienne activité de Mohamed AG Ahmedou :
une expérience marquée par la désillusion
Un des pivots actuels du PDM- JDS est Mohamed AG Ahmedou, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du gouvernement malien en exil, basé à Genève. Cet exécutif parallèle avait été formé pour contester la légitimité de la junte militaire de Bamako. Lors de son mandat en exil, Mohamed AG Ahmedou avait tenté de mobiliser la communauté internationale et de structurer une opposition unifiée face au régime militaire.
Cependant, des divisions internes persistantes au sein de cette entité ont compromis son efficacité. Dans sa lettre de démission publiée le 9 novembre 2024, AG Ahmedou déplore « des tiraillements constants et un éloignement de la vision initiale ». Ce désenchantement l’a conduit à se retirer de ses fonctions et à dissoudre son équipe.
Désormais engagé au sein du PDM, il voit dans ce mouvement une plateforme plus en phase avec ses idéaux. Dans une récente déclaration, il a souligné la nécessité de mobiliser la jeunesse malienne et de redonner un cap au pays à travers un projet inclusif et progressiste
Les objectifs du Panel des Démocrates Maliens pour la Justice et le Développement au Sahel :
Le PDM-JDS se veut une réponse directe à l’échec des structures étatiques et militaires en place. Ses objectifs principaux s’articulent autour de trois axes fondamentaux :
1.Justice sociale et équité : Défendre les droits humains, réhabiliter les minorités marginalisées et promouvoir un vivre-ensemble basé sur le respect mutuel.
2.Reconstruction économique : Mettre en place des politiques de développement durable, notamment dans les régions du nord et du centre, qui sont les plus touchées par les violences.
3.Renouveau politique : Encourager une participation citoyenne large, en particulier celle des jeunes, pour insuffler une dynamique de changement authentique.
Ces ambitions sont renforcées par la volonté de Mohamed AG Ahmedou et d’autres leaders de construire un projet politique enraciné dans les réalités maliennes tout en s’appuyant sur les expériences réussies d’autres pays sahéliens
Une alternative face à un système en déclin:
Alors que les autorités de transition prolongent leur mandat indéfiniment, les Maliens sont de plus en plus sceptiques quant à la volonté des militaires d’organiser des élections démocratiques. Les récentes rumeurs concernant une possible candidature du colonel Assimi Goïta à la présidence suscitent des inquiétudes au sein de la société civile et de la communauté internationale.
Dans ce contexte, le PDM-JDS se positionne comme une alternative crédible. Mohamed AG
Ahmedou, fort de son expérience et de son réseau, incarne l’espoir d’un renouveau politique. Toutefois, il reconnaît les défis, notamment le scepticisme d’une partie de la population, fatiguée par les promesses non tenues
Conclusion : un espoir ténu pour un Mali en quête de renouveau.
La création du PDM-JDS illustre la quête d’une diaspora et d’intellectuels maliens pour offrir au pays une perspective nouvelle. Alors que les militaires au pouvoir prolongent la transition et que les inégalités se creusent, des plateformes comme le PDM représentent un espoir fragile mais crucial.
Cependant, la réussite de ce mouvement repose sur sa capacité à transcender les divisions, à convaincre une population en quête de stabilité, et à s’organiser efficacement pour peser sur l’avenir politique du pays. Le Mali, confronté à des crises multidimensionnelles, devra mobiliser toutes ses forces pour construire un futur basé sur la justice, la paix et le développement durable.