(Le bruit des voix étouffées)
« Amis, écoutez et entendez
La patrie nous est commune
De même la foi, la destinée
Et par la même main tenons l’Unité »
Tinariwen
Ecrit Par Efad Namawal.
Le Mali naquit en 1960. Modibo Keita en prend le volant. L’indépendance fut obtenue. Le passage de la colonie à la Nation libre s’était fait pacifiquement, sans grave incident. A peine, trois ans que voici la première crise politique pointer le nez. Il faut dire que si elle (la crise) arriva avec une telle célérité, c’est parce que tout simplement et tout bonnement, c’était le fruit d’une stratégie d’inspiration machiavélique de l’ancien colon, de la France pour la nommer.
Nous nous expliquons comme suit, seulement permettez cette particularité qui fait l’originalité de notre article, nous n’allons pas nous référer à l’histoire officielle, à l’histoire fausse sagement écrite par ceux-là même qui nous avaient colonisé mais nous allons plutôt vous donnez quelques éléments de la réalité de choses, après tout c’était il y’a à peine un siècle.
Alors pour une bonne compréhension de cet épisode de l’histoire, disions-nous, il faudrait dire un mot sur l’organisation du territoire bien avant l’arrivée de troupes françaises et la colonisation. Il s’agissait de plusieurs Etats indépendants les uns les autre ; ayant chacun ses propres règles juridiques et morales et elles étaient strictement respectées ces dites règles. Parmi ces états, on retrouvait la Confédération Touareg qui s’étalait sur toute la partie nord du pays, c’est-à-dire de la région montagneuse séparant Douentza et Hombori jusqu’aux frontières algérienne et mauritanienne au nord-est.
Naturellement, lorsqu’en 1830 la France débarqua sur notre terre, la première chose qu’elle fit c’est détruire nos institutions, fusionner et amalgamer les six Etats tout à fait distincts auparavant. Ensuite imposer ses directives, sa langue, sa façon de faire, son système de penser etc. Que vous dire de ce que vous savez déjà. Et la colonisation ayant duré de 1830 à 1960, la structuration que l’Etat français nous a imposé était devenue la norme, la marche de nos anciennes institutions fut oubliée. A tout cela s’ajoute que les premiers dirigeants du pays étaient intimement liés et proches de l’Etat français, formés par cet Etat et placés par lui à la tête justement pour garder la mainmise. Cette mise au point faite, revenons à la question de la crise qui nous interpelle.
En 1963, les dirigeants de la partie nord du pays demandent l’autonomie. Il faut dire (par honnêteté intellectuelle) que ce fut surtout plus une question raciale que politique, plus une question qui va dans le sens de l’histoire réelle que dans le sens de la vision française.
Les arabes et les touaregs étaient à la tête d’un mouvement et naïvement ils demandèrent le retour de l’ancien système. Système ci-dessus expliqué. Ce fut la rébellion la plus courte de l’histoire du Mali. En moins d’une année l’armée malienne l’a écrasée. Comme dans toutes les guerres, les populations innocentes en ont plus souffert que les protagonistes. En l’occurrence, les arabes et les touaregs à qui on a reproché d’être les proches des leaders du mouvement. Sur ces populations, les bavures : les exactions, les viols, les enlèvements, la torture étaient la norme. D’aucuns ont parlé de génocide, d’épuration ethnique mais l’Etat malien auteur de cet acte reste dans le déni total. La vérité, elle est que ces infamies, ces aberrations, ces actes ignobles ont eu lieu.
Le doute reste au niveau du dessein qu’avaient les auteurs. Avaient-ils pour but l’extermination d’une communauté en particulier ou s’agissait-il simplement des effets d’une armée sans aucun professionnalisme, non structurée et mal formée voire non formée ?
Cette partie de l’histoire fait que pour certains maliens, Modibo Keita était : le héros national ; le plus grand Homme d’Etat tandis que pour d’autres : un génocidaire ; une crasse ; le visage de la barbarie humaine, une falque de merde. Cette contradiction se manifeste aussi dans le fait que tandis que la présence de l’armée rassure certains maliens, elle est un cauchemar pour d’autres. Et concluons par dire une chose simple, toute simple, cette crise qui a cours actuellement n’aura de solution que lorsqu’au lieu de trouver de réponses, on posera la bonne question et l’on répondra avec la Vérité si laide fût-elle. Le déni, la réécriture de l’histoire, la négation de faits, l’oubli, la dictature intellectuelle ne mèneront que d’une crise vers une autre et jamais à la Paix.
Modibo Keita ne versait du sang pas que seulement au nord, il a éliminé physiquement tous ses compagnons de l’usrda mais aussi ses opposants du PSP : FILY DABO CISSOKO, Hamadoun Dicko, Mamadou Hubert coulibaly… et d’autres…
Il y a plusieurs facteurs effectivement qui se conjuguent et causent cet écran de fumée et ce roman national déniant et l’histoire du Mali moderne post colonial et l’histoire de ses populations tant au niveau « racial » (berbères/arabes versus populations « noires » ) qu’ethnolinguistico- religieux
Populations anciennement musulmanes du Nord en contact ininterrompu avec la culture arabo musulmane et les mondes orientaux ( tamasheq songhaï tribus arabo mauritaniennes en gros avec cultures animistes et/ou d’islamisation très récente
Ces dichotomie créant un ressentiment ancien des « kafirs » dont on connaît le sort dans la traite arabo musulmane et aussi des attitudes ( indéniables ) de mépris des uns envers les autres et qui se transforme en rivalité entre « mandingues » s’étant plus massivement intégrés à la culture coloniale française par le biais de son système scolaire et le fait que 1960 correspond à l’arrivée sur la scène politique du Soudan français d’une génération ayant fait des études supérieures et s’étant imprégnée à la fois de la culture jacobine et d’une vision centralisée et déniant les particularismes et étant tout à la fois dominée par l’idéologie marxiste léniniste
( mon père songhaï neveu de mahamane alassane haïdara à fait partie de cette génération )
Donc une idéologie au fond non seulement non démocratique et « impitoyable » avec les résistances considérées comme contre ou anti révolutionnaires en regard d’une nouvelle doxa ( un peuple un but une fois) à imposer coûte que coûte
Modibo keïta était donc un dictateur
Et troisième facteur des plus néfastes c’est l’ossature d’encadrement d’une armée formée dans les troupes coloniales françaises et s’étant particulièrement distinguée pendant les guerres d’Algérie et d’Indochine ainsi que les répressions d’une grande sauvagerie pour le compte du colon de Madagascar au Cameroun et à des degrés divers dans toutes les opérations de maintien de l’ordre dans l’empire colonial français
Ce n’est pas seulement l’inexperimentation ou le manque de formation du soldat de base la cause des horreurs commises en 63/64
plusieurs facteurs dont le déni dans la mémoire officielle malienne sont un problème non pas seulement du point de vue de la vérité mais surtout dans la recherche de compréhension historique plus sincère qui pourrait permettre un certain pardon et une acceptation des responsabilités et d’une histoire vraiment « malienne »