« 𝘚𝘪 𝘭’𝘌𝘵𝘢𝘵 𝘦𝘴𝘵 𝘧𝘰𝘳𝘵, 𝘪𝘭 𝘯𝘰𝘶𝘴 é𝘤𝘳𝘢𝘴𝘦. 𝘚’𝘪𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘧𝘢𝘪𝘣𝘭𝘦, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘱é𝘳𝘪𝘴𝘴𝘰𝘯𝘴», dixit le savant Paul Valéry.
Écrit par Efad AMAWAL, journaliste indépendant.
La crise sécuritaire au Mali demeure malgré son ancienneté et sa complexité un sujet d’actualité sur lequel les commentaires fusent encore. Mais la source de cette énorme crise est rarement évoquée avec netteté et impartialité. Raison pour laquelle, il est important pour nous d’affirmer, de confirmer et de persister autant que nécessaire que tous les maux du Mali, du moins leur aspect sécuritaire depuis l’indépendance, tirent sa source dans les bavures militaires. Lesquelles bavures sont sans cesse renouvelées, et jamais réparation ne fut faite. Pas même, la réparation symbolique c’est-à-dire la reconnaissance de faits. Jamais les auteurs n’ont été traduit en justice. Jamais une solution ne fut proposée par quelque gouvernement ou régime que ce fût.
Avant de s’atteler sur les différents massacres dont l’armée malienne a été coupable sur ses propres concitoyens, nous insistons sur le fait qu’aucun président n’a su ou voulu éviter que ces tragédies aient lieu sous son règne (De Modibo Keita à Assimi Goita).
La communauté touarègue a sans doute été la plus affectée et celle sur laquelle les massacres ont été fait mais d’autres communautés comme les peulh ont eu leur lot aussi.
Par ailleurs, longtemps et encore maintenant les mouvements armés du nord s’appuient sur ces crimes pour le recrutement, ils exploitent une colère déjà existante pour lever une armée. Et bien que nous dénonçons de toutes nos forces les bavures militaires du côté de l’armée, nous n’approuvons pas pour autant les méfaits des groupes armés qui combattent cette armée malienne. Car eux aussi n’ont pas de mains propres. Ils s’allient très souvent avec un groupe terroriste, oubliant la phrase de Goethe « Le diable est un égoïste, et ne fait point pour l’amour de Dieu ce qui est utile à autrui » peut-être parce que le diable avec qui ils ont un pacte brandissait le nom de Dieu sur sa bannière. Mais ils s’en sont vite rendus compte car non seulement l’alliance a failli mais c’est à cause de la présence des terroristes que les forces étrangères sont venues reprendre de leurs mains les zones qu’ils occupaient pour y installer l’armée régalienne. Et le diable continue de noircir le tableau par ses méfaits.
La mort tue est d’une certaine avalisée :
Se taire et museler ceux qui parlent, dénoncent, attirent l’attention sur les massacres, c’est d’une façon les avaliser. C’est exactement ce qui s’est passé l’année 2022, au mois de mars précisément, Daesh avait exécuté sommairement de centaines de personnes issues de la communauté touarègue à Tamalat, Tessit, Inchinanan etc… mais l’Etat malien n’a pas semblé être affecté par la mort de ses citoyens.
Absolument aucun communiqué officiel n’a parlé de ces exactions, aucun deuil ne fut décrété. Les journalistes n’en ont parlé que marginalement et très peu.
La question qui se posée inévitablement, c’est pourquoi l’Etat décrète un deuil national et la communauté nationale toute entière compatit au massacre d’Ogossagou du 23 mars 2019 mais un silence total fut observé lors de massacre de Tamalat qui fut fait par le même acteur.
Qu’on s’entende bien, il n’est pas question pour nous de comparer les tragédies. Mais de tirer un constat parfaitement vrai et aisément vérifiable. Car pour toutes les tragédies, nous faisons nôtres ces vers de Marceline Debordes-Valmore :
« 𝘓𝘢 𝘮𝘰𝘳𝘵 𝘥𝘪𝘴𝘤𝘪𝘱𝘭𝘪𝘯é𝘦 𝘦𝘵 𝘴𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵𝘦 𝘢𝘶 𝘤𝘢𝘳𝘯𝘢𝘨𝘦,
É𝘵𝘰𝘶𝘧𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘭â𝘤𝘩𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦 𝘷𝘪𝘦𝘪𝘭𝘭𝘢𝘳𝘥, 𝘭𝘦 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦 â𝘨𝘦,
𝘌𝘵 𝘭𝘢 𝘮è𝘳𝘦 𝘦𝘯 𝘥𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳𝘴 𝘱𝘳è𝘴 𝘥’𝘶𝘯 𝘷𝘪𝘦𝘳𝘨𝘦 𝘣𝘦𝘳𝘤𝘦𝘢𝘶,
𝘋𝘰𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘭𝘢𝘯𝘤𝘴 𝘳𝘦𝘧𝘦𝘳𝘮é𝘴 𝘴𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘯𝘨𝘦𝘢𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘯 𝘵𝘰𝘮𝘣𝘦𝘢𝘶,
[…] 𝘚𝘢𝘷𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘤’𝘦𝘴𝘵 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘶𝘯 𝘱𝘦𝘶𝘱𝘭𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘤𝘳𝘪𝘦 ! »
Par ailleurs, il est presqu’ironique de s’attendre à une dénonciation d’un crime de la part de ceux qui eussent pu en être auteurs. Et qui firent d’actes similaires et par le passé et par le présent.
Et pour terminer, nous revenons sur l’actualité de cette question épineuse car malheureusement oui… les bavures continuent, les auteurs se sont multipliés mais ceux sur lesquels elles sont commises demeurent les mêmes. Car oui… Wagner c’est Daesh à l’envers. La différence c’est que le premier prétexte que vous êtes terroriste pour vous exécuter et le second prétexte que vous êtes apostat. C’est-à-dire qu’il ne faut pas être terroriste pour trouver la mort de la main de Wagner et l’armée mais c’est la trouver par eux qui fait de la personne tuée un terroriste posthume. Et c’est pareil, toute personne morte, exécutée par Daesh devient automatiquement un apostat posthume.
Ces actes, ces bavures sont comme une plaie nécrotique. Et tant qu’on pansera pas d’abord cette plaie, on ne pensera guère la paix.
Nous condamnons avec la dernière énergie cette bavure de l’armée consistant à des exécutions sur des citoyens qui sont sensés être protéger par l’État et ses démembrements . L’état tire sa force des citoyens et leurs impôts ainsi leurs pierres à l’édifice qui contribuent à construire la nation .
Si Les loi de la République ne doivent être appliquées alors qu’elles ne doivent pas être aussi piétiner banalement.
Toutes mes condoléances aux différentes familles victimes de massacre perpétré par les militaires prétendu de protecteurs , nous appelons la communauté internationale et les institutions chargées de la question de droits de l’homme de venir en aide aux vulnérables et victimes ainsi de protéger leurs droits .
Excellent text, sensible et inquiétant. Merci